&&00 FRANCE – 2ND GRADE -- 0S FR-2ND-0S.TXT 3 Texts sampled: HATIER; HACHETTE (2) &&111 - Tu veux aller sur la Lune ? - Oui, mais je n'ai pas de fusée, ni de masque à oxygène -*- . - Ce n'est pas difficile pour aller sur la Luri il faut fermer ses yeux, penser très fort et croire que l'on y est. - ÇA Y EST! - Et qu'est-ce que tu vois ? - Des personnages étranges qui regardent la Terre, des cailloux comme des coquillages, des fleurs pas comme des fleurs, des animaux bizarres sur un lac glacé, les uns faits de triangles et les autres de ronds. Enfin je vois... des villes, des forêts, des. - Rien de tout ça! Je connais bien la Lune puisque j'y suis né, dit Neigelune. Là-haut, il n'y a presque rien! Seulement de la poussière grise, et c'est moins joli que tu ne le crois. Vincent a beaucoup réfléchi. Enfin il a dit : Alors, si c'est pour voir de la poussière, je préfère rester sur la Terre, au moins il y a beaucoup de jolies choses. Je vais descendre du toboggan et aller jouer avec mes camarades. Au revoir, Neigelune. Je te donne cette voiture bleue. Avec elle, tu pourras voyager. Tu pourras visiter la Terre Crocodiles et hippopotames Les crocodiles du =Nil Ils dorment souvent à la surface de l'eau, immobiles comme des troncs d'arbres flottants. Ils vont aussi se chauffer au soleil sur les bancs de sable, mais ils sont peu à l'aise sur terre. C'est surtout à la tombée du jour et la nuit qu'ils sont actifs. Les hippopotames mangeurs d'herbe La nuit, tous les hippopotames montent sur le rivage, enfoncent leur vaste museau dans le gazon et paissent e exactement comme les moutons. En une nuit, ils mangent quarante kilogrammes de plantes et parfois plus. Les oreilles et les moustaches L'ouïe* du chat est très fine. Il sait distinguer deux sons différents émis au même moment, comme le trot d'une souris couvert par le tonnerre. Son ouïe est sensible à des ondes inaudibles pour les hommes. La partie extérieure de l'oreille est appelée le pavillon que le chat oriente vers la source sonore. Ce sont des organes très mobiles, équipés à leur base d'un petit soufflet. Les chats s'expriment avec leurs oreilles. Dressées, elles indiquent l'attention ou le plaisir. Rabattues en arrière, le chat se méfie ou s'apprête à bondir. Les moustaches, encore appelées vibrisses, sont de longs poils entourés de nerfs, que le chat porte sur la lèvre supérieure. Un chat ne s'engage jamais dans un passage plus étroit que l'éventail de ses moustaches. Si les moustaches passent, le reste suit. =VincentLANDEL, Le Livre de mon chat, =Gallimard, collection « Découverte Cadet » =Soudain, une magnifique étoile filante passe juste au-dessus de la tête de Koïmé, traverse le ciel à toute vitesse et disparaît à l'horizon, là où le ciel et la mer se touchent. Koïmé saute de joie : cc Ça y est ! Une étoile s'est décrochée Une étoile s'est décrochée et elle est tombée dans la mer, lào bas, Tout làbas ! » =Koïmé danse, =Koïmé crie, =Koïmé trépigne de bonheur et fait tant de bruit qu'il réveille tout le monde. Le père de =Koïmé sort, il est très étonné de trouver son fils dehors. - Une étoile est tombée dans la mer, lui explique Koïmé. Je l'attendais depuis si longtemps ! =Papa ! sois gentil montons dans la pirogue et allons vite la chercher ; je sais où elle a disparu. Le père sourit - Si cette étoile est tombée dans la mer comme tu le penses, le courant va la ramener doucement vers notre île pendant la nuit et elle restera accrochée aux récifs de corail*. Je te promets que demain nous irons la chercher. Maintenant, viens te coucher. Il répète plusieurs fois, de plus en plus fort « FAIS CE POUR QUOI T U ES FAIT», sans résultat ! Furieux, Ahmed casse le plat et court vers l'arbre. - Tu t'es moqué de moi, lui dit-il en tremblant de colère, mais tu vas être puni... Cette fois, je vais te couper. - Arrête! Voici des bâtons qui t'enseigneront la sagesse*. Les bâtons apparaissent et frappent, frappent le pauvre Ahmed qui ne peut leur échapper. Je ne me suis pas moqué de toi. C'est la vieille femme qui a volé le plat. - Dis-moi que tu regrettes de m'avoir menacé, et les bâtons seront à toi... Ahmed rentre chez lui, tout triste, quand il aperçoit la vieille femme qui vient dans sa direction ! Il cache sa hache et continue son chemin. Arrivé près d'elle, il lui dit : '! '' - J'ai oublié ma hache dans la forêt garde-moi ces bâtons, s'il te plaît. Il faut que je retourne la chercher. Il va se cacher derrière les arbres. « FAITES CE POUR QUOI VOUS ÊTES FAITS », dit-il aux bâtons. Et les bâtons le font si bien, si bien, ils frappent si fort, si fort. que la vieille femme comprend qu'elle est punie et se décide à rendre le plat volé. Depuis ce jour, Ahmed et Leila vivent sages et heureux. L'Arbre magique, conte marocain, Clé International, avec le concours du CIEP de Sèvres, collection «Contes d'ici et d'ailleurs». J'ai mis quelques grenouilles dans la baignoire, mais Maman s'est fâchée. Je n'étais pas content. Je voulais jouer avec la maison de poupée de ma petite soeur, mais Papa m'a grondé. Je n'étais pas content. Je jouais à cache-cache et Grand-maman m'a crié « Va-t'en d'ici! Tu vas salir les draps ! » Je n'étais pas content. J'ai proposé à Grand-papa d'arroser son jardin, mais il n'a pas voulu. J'ai décidé de décorer la maison, mais Grand-papa m'a empêché de continuer. Je n'étais pas content. Papa m'a dit « Pourquoi ne joues-tu pas dans le bac à sable ? Maman m'a dit « Pourquoi ne fais-tu pas des glissades sur ton toboggan ? » Je n'en ai pas envie. Je n'en ai pas envie et je ne suis pas content. J'ai plutôt envie d'apprendre à jongler avec trois neufs. Mais Maman n'est pas d'accord. J'ai aussi envie de jouer avec le poisson rouge, mais Maman me l'interdit. La maison japonaise La maison japonaise traditionnelle est faite exclusivement de bois et de papier. Ce mode de construction est parfaitement adapté à un pays où les tremblements de terre sont toujours fréquents et meurtriers; en cas de séisme, il permet à la maison de se déformer, de se démanteler, de s'écrouler à la rigueur, mais la légèreté des matériaux atténue les conséquences dramatiques. La maison se compose de deux parties. La première, appelée cour intérieure dont le sol est en terre battue, comprend l'entrée, la cuisine, le bain, le puits et divers rangements. La seconde, surélevée par un plancher recouvert de nattes, constitue la partie noble de l'habitation. On s'y déplace sans chaussures, on y dort à même le sol et on y mange assis en tailleur. [...] Aujourd'hui, la construction de bois a cédé la place aux logements préfabriqués et aux immeubles en béton, mais les grandes caractéristiques de la vie quotidienne ont peu changé. =Kuntaï, enfant masaï =Kuntai est un enfant masaï âgé de neuf ans. Il habite avec ses parents près de la réserve naturelle de =MasaïMara au =Kenya. =Kuntaï habite dans un borna: c'est ainsi qu'on appelle les villages en langue masaï. Les maisons sont construites toutes de la même manière: une pièce où les invités peuvent discuter, une deuxième pour les animaux et la pièce principale où se trouvent les nattes et le feu pour cuire les aliments. Dans la maison, pas de meubles: les adultes et les enfants dorment sur des nattes, à même le sol. Les murs et le toit sont faits de branches entrecroisées. Ils sont recouverts de torchis, un mélange d'herbes sèches et de bouse de vache. La maman de Kuntai entretient régulièrement le toit, car il se dessèche et se fissure au soleil. Chaque famille masaï possède une dizaine de boeufs, de chèvres et de moutons. Chaque bête est marquée d'un signe qui indique à qui elle appartient. Les hommes masai emmènent leurs troupeaux paître dans la réserve des animaux, pour plusieurs jours. [...] Le soir, après le retour des troupeaux, les chefs discutent du bétail et des lieux de pâturage pour le lendemain. Les femmes fabriquent des colliers et des bracelets en perles pour toute la famille. Pour préparer le repas du soir, les femmes prélèvent du sang aux jeunes taureaux. Un bol de sang de boeuf mélangé à du lait constitue la nourriture de base des =Masai. Puis =Kuntaivérifie que la chèvre qui attend un petit va bien. Une très vieille maison Je passais mes vacances d'été chez mes grands-parents et j'aimais beaucoup leur vieille maison, pleine de couloirs, d'alcôves. de recoins et de cachettes. Il pleuvait parfois dans ma chambre, le vent passait par certains carreaux, mais c'était quand même une grande et belle demeure. Elle avait été solide, elle était juste fatiguée. Un grand jardin, la rivière et la forêt toutes proches, c'était le paradis ! À table, grand-père et grand-mère avaient des conversations que je ne comprenais pas toujours. Ils s'excusaient: - Allons, =François ! Reprends de la tarte et ne t'occupe pas de ce que nous disons. Mais peu à peu, j'ai deviné qu'ils avaient des soucis au sujet de leur maison. Un certain monsieur Quentin venait parfois leur rendre visite. On le connaissait bien dans la région. C'était l'armurier . Il chevauchait un superbe cheval blanc et fumait des cigares. Ses visites ne faisaient pas plaisir à mes grands-parents. Monsieur Quentin se forçait toujours à rire, mais eux, ils ne se forçaient même pas à sourire devant lui. li parlait d'une certaine date, le e, octobre. C'était la rentrée des classes à cette époque. J'ai fini par comprendre: grand-père et grand-mère devraient alors quitter leur maison. alcôves: renfoncements dans le mur d'une chambre, dans lesquels on place un lit. armurier: homme qui vend des armes. Le président de la République a faim Le président de la République se tourne et se retourne dans son lit. Rien à faire; il ne parvient pas à trouver le sommeil: il a faim. Et c'est vraiment très désagréable d'avoir envie de manger lorsqu'on est couché. Bon, il a un peu chipoté au dîner en ne prenant qu'une ou deux bouchées de chaque plat. La timbale de fruits de mer n'était pas mauvaise et la pièce de chevreuil n'avait pas été franchement mal préparée. La pièce montée était même très réussie. Mais voilà : il n'était pas en appétit. Allez savoir pourquoi... Le président de la République essaie de penser à autre chose: au nouveau discours qu'il devra prononcer demain à la télévision, à son prochain voyage à l'étranger, à l'entretien particulier que lui a demandé le Premier ministre. Mais il ne parvient pas à se concentrer. Une seule pensée occupe son esprit: se mettre quelque chose sous la dent. Et, si possible, rapidement. Il consulte son réveil : deux heures du matin. Ça va être difficile de tenir jusqu'au petit déjeuner... Le président repousse draps et couvertures et sort de son lit. Il chausse ses pantoufles et enfile sa robe de chambre à rayures noires et rouges et s'apprête à décrocher le téléphone pour demander qu'on lui apporte quelques sandwichs, puis se ravise: il ne va tout de même pas réveiller tout le monde pour un simple petit creux! C'est décidé, il va essayer de se débrouiller par lui-même. =Coralie, miss chichis Vous connaissez =Coralie? Elle a des beaux cheveux longs, blonds, tout bouclés. Sa maman l'appelle « Ma Princesse », alors évidemment, =Coralie croit qu'elle est une princesse. D'autres fois, son papa l'appelle « Ma petite Sirène », et =Coralie se prend pour une sirène. Moi, quand papa m'appelle « mon chat », je ne miaule pas =Coralie apporte souvent sa mini-trousse de maquillage à l'école. Dedans, il y a des mini-barrettes, des couleurs pour se mettre sur les yeux avec un mini-miroir. À la récré, elle va se maquiller dans les toilettes et après, elle se prend pour une star! Et elle fait au moins dix pirouettes. Puis, tout à coup, elle s'arrête en statue. Et elle prend des poses nulles en faisant des sourires de cinéma. Dommage pour elle, personne n'a de caméra! Elle nous énerve parce qu'elle fait trop de manières. On l'appelle =ChichiChouchou ou Princesse =Gnangnan. Il n'y a qu'Aziz, =Tom et =Stéphane -qui sont amoureux d'elle. Et aussi =Théo, un petit peu. =Coralie n'est pas gentille. Elle ne prête jamais ses affaires, elle ne partage jamais son goûter et elle commande toujours =Marion. - =Marion, apporte-moi mon cartable! =Marion, va réserver le banc! =Marion, fais ceci, =Marion, fais cela ! =Vaïmiti ne veut pas aller à l'école =Vaïmiti pose une couronne de fleurs sur sa tête et elle part en tournant le dos à l'école. Son père la rattrape et l'oblige à s'asseoir. Il trace des signes dans le sable pour lui expliquer qu'elle doit aller à l'école! Mais Vaïmiti ne veut rien regarder! Sa mère la prend dans ses bras, elle lui masse le front et lui murmure une chanson pour la calmer. Mais =Vaïmiti ne veut rien écouter Alors =Teïki fait sa tête de sorcier et il tourne autour d'elle comme un guerrier pour l'effrayer! Mais Vaïmiti éclate de rire. Elle énerve tellement sa famille que tous crient et menacent de lui donner une bonne fessée =Tahitou est une vieille femme pleine de sagesse qui parle aux arbres, écoute le vent et rit souvent. Elle vit seule dans un petit « faré () » couvert de feuilles de cocotier, sur le bord de la plage. =Tahitou est la marraine de =Vaïmiti et =Vaïmiti est ce qu'il y a de plus important dans sa vie! Ce matin, =Tahitou est sur sa terrasse. Elle presse des citrons verts pour faire mariner son poisson. Quand elle voit Vaïmiti qui se débat, elle n'hésite pas une seconde. Elle court aussi vite que lui permettent ses grandes jambes maigres et elle ordonne: - Laissez cette petite tranquille! Qu'a-t-elle fait de si terrible Je n'étais vraiment pas rassurée, le doigt sur la sonnette de la porte d'entrée. =Bénédetti a ouvert. Il avait ses lunettes noires sur le nez. Est-ce qu'il les gardait pour dormir ? Et même, est-ce qu'il dormait «Bonjour m'sieur. Euh je cherche mon chat, =Groucho. Il est noir et blanc avec une tache sur.. . - Ton chat ? Il n'est pas là ! Je dérangeais. Le ton était sec. « Comme votre portail était ouvert... j'ai pensé qu'il aurait pu. - Je ne l'ai pas vu Sa grande carcasse bouchait l'entrée. Derrière lui, j'ai pu apercevoir quelques cartons de déménagement dans le grand couloir. « C'est que j'y tiens à mon =Groucho ! » ai-je dit avec une bonne dose d'émotion dans la gorge (ce n'était pas du piano que j'aurais dû faire, mais du théâtre). « Je te répète que je n'ai pas vu ton chat dans les parages' ! » Il était pressé de refermer la porte. J'allais m'éloigner quand j'ai entendu la femme. Oh, ce n'était pas très fort, mais pas de doute, la voix venait du premier. Ce n'était pas un appel au secours, plutôt une plainte, un râle de douleur. La femme était en haut, elle souffrait ou voulait me signaler sa présence, peut-être les deux. « Au revoir petite, désolé ! » a-t-il glissé avant de refermer rapidement la porte. Je suis restée sur le perron', entre les deux colonnes. J'ai entendu =Bénédetti remonter l'escalier en disant: « J'arrive ! Qu'est-ce qui se passe ? » Était-ce moi, ou la femme, qui le mettait de si méchante humeur J'étais sur la bonne voie, il fallait chercher encore. J'ai fait le tour de la maison. La porte de la cave était fermée, tous les volets du rez-de-chaussée aussi. Seule la fenêtre de la cuisine n'avait pas de volets, mais de gros barreaux rouillés la protégeaient. Je me suis tapie" derrière un arbuste et ai regardé par les carreaux sales. J'ignorais comment elle avait pu faire pour le pousser, mais , ai tout de suite remarqué que le piano avait changé de place. A présent, il était à côté de la fenêtre du salon. Ainsi, Mademoiselle =Solicot, tout en donnant son cours, pouvait garder un oeil sur la maison d'en face. Ce samedi, elle n'avait pas l'air d'avoir envie de travailler. Moi non plus. Après une petite et laborieuse' demi-heure de piano, à me torturer les phalanges' sur des dièses et des bémols, et à maudire =Jean-SébastienBach, je suis sortie de chez la =Solicot. Je n'ai pas pu m'empêcher de m'arrêter devant la grille rouillée a du numéro. Je savais que là-haut la pianiste m'observait derrière ses rideaux. Alors que je tentais de remarquer quelque chose à travers la haie de thuyas', une grande voiture noire est arrivée. C'était lui ! Vite, j'ai renversé mon cartable de partitions pour rester là et découvrir enfin qui était ce fameux =Bénédetti. L'homme est descendu pour ouvrir son portail. Il m'a semblé très grand. Une paire de lunettes noires lui mangeait une partie du visage. Une vilaine cicatrice courait depuis son oreille jusqu'au milieu de sa joue. La =Solicot n'avait pas tort : c'était le genre de bonhomme qui pouvait avoir un premier rôle dans un de mes plus beaux cauchemars... Quand il est remonté dans sa voiture, j'ai vu cette espèce de bosse sous sa veste. Je ne suis pas sûre, mais je crois avoir e distingué la crosse du revolver dont elle avait parlé. Tout cela - s'est passé très vite. Une fois mes partitions rangées, j'ai fait " semblant de renouer mon lacet. Remonté dans son break, =Bénédetti a redémarré vers le jardin. Pas moyen de voir l'intérieur de la voiture ; comme la pianiste me l'avait dit, les vitres étaient fumées. Je l'ai épié à travers la haie. Dans l'allée, il a ouvert la porte passager. Il a aidé une femme à sortir du véhicule. Je ne pouvais pas bien distinguer son visage, la femme était emmitouflée dans un long manteau a en cuir noir. En revanches, ce que j'ai parfaitement vu, c'est qu'il la tenait fermement et qu'elle marchait en titubants vers le perron de la maison. =Bénédetti la maintenait toujours Ce mercredi-là, lorsque j'ai sonné chez elle pour ma leçon, Mademoiselle =Solicot n'est pas venue m'ouvrir. Les vacances de Pâques m'avaient privée d'elle pendant quinze jours. Deux vraies semaines de vacances ! Piscine, balades à vélo et courses en patins à roulettes avec tous mes amis du quartier. j'avais abandonné les montées et descentes de gammes' sur un clavier sans l'ombre d'un regret. Mais ce mercredi, il fallait s'y remettre. Les vacances étaient • vraiment finies ! • Monte, =Louise ! » a-t-elle crié depuis le salon du premier étage. C'était bien la première fois qu'elle ne descendait pas m'ouvrir. J'ai pensé qu'avec un peu de chance elle était peutêtre malade et que j'allais échapper à ma leçon. • =Hélas non. Elle était là, debout, à la fenêtre, dans l'horrible • robe mauve qu'elle ne quittait jamais. Elle ne s'est pas retournée lorsque je suis entrée dans la pièce. À travers le rideau de dentelles, elle scrutait la rue (sa rue). Au bout d'un moment de silence, j'ai demandé en m'approchant de la fenêtre « Il y a un problème, mademoiselle ? • - Il se passe de drôles de choses, juste en face. » Elle avait dit cela en murmurant, comme si quelqu'un, en " face, nous avait épiées' et avait pu l'entendre. • En face, c'était le numéro 3. Une bâtisse vide au style un • peu bizarre, avec deux grosses colonnes piquées par la • moisissure soutenant un balcon au premier étage. Un homme a emménagé là, il y a quinze jours... un e homme seul, pour une si grande maison... • - Et alors - Une sale tête, ce bonhomme... je le sens ! Je n'aime pas son genre • - À quoi ressemble-t-il ? a - Oh, à quelqu'un de sec et discret. Il s'appelle =Bénédetti. In sifflant entre ses fausses dents, elle a ajouté : M « =Bénédetti... c'est un nom étranger ça ! - ("est lui qui vous l'a dit, son nom ? - Pas du tout, il a fallu que je sorte pour aller le lire sur sa boîte Plusieurs voix s'élevèrent < Chassons-la ! Chassons-la ! » On bombarda' la pauvre =Amma de cailloux et de boules de neige, on la chassa de la tribu. Elle s'enfuit en pleurant dans la tempête... =Amma se dirigea vers l'endroit où la lumière bleue avait brillé toute la nuit. Un grand cercle de neige avait fondu, mettant la roche à nu. Elle remarqua, tout autour, de nombreuses empreintes de pas qui l'intriguèrent' beaucoup : elles ressemblaient à des pieds humains, mais plus longs et plus fins, avec deux doigts au lieu de cinq ! Soudain, =Amma entendit un petit cri parmi les rochers, comme un faible appel. Elle s'approcha... et elle découvrit un enfant blotti dans un creux, tout nu et grelottant de froid. Un enfant très bizarre : il n'avait pas de cheveux, sa peau était bleue, ses pieds n'avaient que deux doigts. Il la regardait de ses grands yeux roses. =Amma prit l'enfant dans ses bras et elle le réchauffa dans sa peau de renne. Elle le trouvait bien étrange avec sa peau bleue : peut-être venait-il d'une tribu lointaine ? « D'où viens-tu ? lui demanda-t-elle. Où sont tes parents L'enfant bleu répondit quelque chose dans une langue qu'elle ne connaissait pas. Pourtant, à sa grande surprise, =Amma comprenait tout. Elle dit Tu es venu avec la lumière bleue ! Et maintenant tu es perdu... C'est ça ? L'enfant hocha la tête. Lui aussi la comprenait. =Amma se dit: « Voilà un enfant extraordinaire. Si je reviens dans la tribu avec lui, je serai sûrement acceptée! Les horribles bêtes me frôlent', elles écrasent tout sur leur passage. Enfin, le bruit se calme et je me relève, hébétée. Sauvée, je suis sauvée ! Folle de joie, je fais une pirouette, perds l'équilibre et me retrouve à quatre pattes. C'est à ce moment-là que j'aperçois mon arc dans les hautes herbes. Il est cassé, les bisons l'ont piétiné', je ne pourrai plus m'en servir, ni pour me défendre contre les bêtes sauvages, ni pour chasser. J'ai envie de pleurer. Mais il ne faut pas. Le Grand =Manitou verrait que j'ai peur et il penserait "Cette petite =Malika ferait mieux de retourner dans son tipi." Alors, je me force à rire et je dis tout haut « Dommage, avec mon arc j'aurais pu tuer une dizaine de bisons et ramener de la viande pour toute la tribu. » Je passe une nuit horrible, cachée dans les herbes. Comme repas, je n'ai mangé que des baies' sauvages, qui me donnent mal au ventre. Le temps passe. Je vois des yeux briller dans le noir... J'entends des grognements menaçants. Ce sont sûrement les mauvais esprits qui essaient de m'effrayer pour me punir d'avoir désobéi à mon père. S'ils m'attaquent, je ne pourrai pas me défendre. Horreur, un serpent se dresse devant moi. Ses yeux sont froids, sa langue fourchue' ! Je jette des regards affolés autour de moi. Mon arc ! Où est passé mon arc ? Mes mains tâtonnent dans l'herbe haute. Je sens le bois dur... sauvée, il est là ! Mon bras tremble comme la feuille dans le vent, mais je réussis à tendre la corde de mon arc. Ma flèche se plante dans la tête de l'horrible reptile, qui s'affaisse' à mes pieds. Tremblante de dégoûta, je dis pour me rassurer Pff J'ai tiré aussi bien que mon père ! Je regarde encore la méchante bête et je sens la colère m'envahir « Gr and =Manitou, depuis que je suis partie dans la Prairie, tu n'arrêtes pas de m'embêter. Ce n'est pas juste ! Le soleil qui brille dans un ciel sans nuages est étouffant. Je soupèse ma gourde. Elle est à moitié vide. Je me sens fa-ti-guée. Cela fait un jour et demi que j'ai quitté ma tribu pour subir la "grande épreuve ". Et le Grand Manitou ne veut toujours pas me parler. Est-ce qu'il pense, comme mon père, que les filles doivent rester dans leur tipi ? Cette idée m'horripiles et je grogne entre mes dents « C'est pas juste ! » Mon père s'appelle =Aigle royal et c'est le chef de la tribu. Depuis que ma mère est morte, lui et moi, on ne se quitte plus. Il m'emmène toujours chasser avec lui et affirme que je me débrouille mieux que les garçons de mon âge. Je ne suis qu'une squaw' d'accord, mais je monte à cheval comme une vraie fille de chef. Aussi, hier, j'ai dit à mon père « Je ne suis plus une papoose? J'ai l'âge qu'il faut pour subir l'épreuve de la solitude. Demande au grand sorcier de faire brûler les plantes sacrées qui écartent les mauvais esprits, et laisse-moi partir trois jours et trois nuits dans la Prairie. Le Grand =Manitou' me parlera comme il a parlé à mon copain =Chasseur agile. Et je reviendrai de la Prairie avec un vrai nom de chasseur. A ma grande fureur, mon père a éclaté de rire « =Malika, d'après les lois de notre tribu comanche, seuls les garçons ont le droit de subir l'épreuve de la solitude. Tu n'es plus une papoose, en effet, et il va falloir que tu restes dans ton tipipour apprendre à faire cuire la nourriture des chasseurs, et à préparer les vêtements de peau pour l'hiver. » J'ai râlé « Je me pique le doigt dès que j'essaie de coudre. Ce que j'aime, c'est galoper sur mon cheval aussi vite que le vent. - Hem, =Malika, j'ai eu tort de t'élever comme un garçon. Maintenant... il va falloir que tu obéisses aux lois de notre tribu. » Rouge de colère, j'ai crié « Je ne veux pas ! » Et je suis partie en courant.