&&000 FRANCE 4TH GRADE 1980S FR-4TH-80S.TXT SAMPLES FROM TWO PUBLISHERS: NATHAN AND HACHETTE N=24 PAGES FILE SAVED IN UTF-8 FORMAT Re-edit ed 25 May 2005 for […, #s; xxx-; and proper names et al] &&111 Les =Crabes-Machines =Orlone habite sur la planète =Maxal. Elle possède un créascope qui lui permet, par la pensée, de voyager d'un monde à l'autre. Sur la =Terre, elle a rencontré =Sylvain, et ils sont arrivés ensemble sur une curieuse planète peuplée de =Crabes-Machines. C'était un =Crabe-Machine caparaçonné de métal. Il se déplaçait sur le côté avec des pattes articulées, et faisait claquer à grand bruit ses pinces coupantes. Il dressa ses deux antennes, et braqua sur nous les pinceaux lumineux de ses yeux électroniques. « Garons-nous ! dit Orlone. Il porte l'enseigne des =Crabes-Déblayeurs. Il va nous balayer sur son passage! » Effectivement, dès que les rayons de lumière nous eurent détectés, le crabe se dirigea vers nous en écartant ses pinces. « Stop ! cria la =Maxalienne. - Je déblaye ! énonça la machine. - Vous ne pouvez pas nous déblayer. - Pourquoi? - Parce que nous sommes un mirage ! dit =Orlone. On ne peut pas déblayer un mirage. - Un mirage ne peut pas parler. était là, dans un coin, tel qu'il l'avait vu dans son rêve. Il appela les autres « Venez vite me donner un coup de main ! » Le sac était très lourd. Seul, le caribou parvint à le soulever. Il le transporta dans le canot, suivi de tous les autres. « Quand l'ours rentrera, il comprendra ce qui s'est passé, et il va nous courir après, dit le renard. Qui, parmi nous, a les dents les plus aiguës? - Moi ! proclama une voix fluette. - Toi, souris? - Oui, c'est moi qui ai les dents les plus aiguës ! répéta fièrement la souris. - Fort bien. Alors, va ronger la pagaie de l'ours, et arrange-toi pour que ça ne se voie pas ! » La souris se mit aussitôt à ronger la pagaie, pour y faire un trou à l'endroit où elle s'élargit. « Vite, vite ! » la pressaient les autres bêtes, car déjà l'on pouvait entendre les grognements de l'ours qui revenait au logis. La souris n'eut pas le temps d'achever son travail, car le pas pesant de l'ours se rapprochait ; elle prit la fuite et sauta dans le canot où ses amis l'attendaient, anxieux. Ils avaient à peine quitté la rive lorsque des grognements furieux parvinrent à leurs oreilles. L'ours avait découvert le vol. « Attendez que je vous attrape, et vous allez voir ! » hurlait l'ours. Saisissant sa pagaie d'une patte, il lança son canot de l'autre, et se mit à pagayer tant et plus. A chaque coup, il gagnait du terrain. Encore un coup de rame, et il les rattrape ! Fort heureusement pour nos amis, c'est juste à ce moment que la pagaie rongée V céda. L'ours, perdant l'équilibre, tomba à l'eau et se noya, tandis que son canot restait la quille en l'air. « Il est parti, le feu ! C'est parce que j'ai eu peur qu'il est parti. Je n'ai pas pu m'en empêcher, d'avoir peur. C'est tout de ma faute ! » Arbres abattus entre leur 80e et =150e année. Pourtant, il y a des mélèzes et des sapins qui ont 600 ans, et des tilleuls, des chênes, des pins, des châtaigniers et des oliviers qui sont déjà millénaires. Chez nous, c'est l'if qui peut devenir le plus âgé : il peut vivre deux mille ans. Mais dans l'ouest des États-Unis se trouvent, à trois mille mètres d'altitude, les plus vieux arbres du monde : les pins à barbes. S'ils n'ont que huit ou dix mètres de haut, ces pins atteignent un âge surprenant : jusque 4 700 ans ! Quelle est la hauteur qu'un arbre peut atteindre? Combien d'arbres y a-t-il? Bien situées, certaines essences peu- Personne ne pourrait le dire exactevent atteindre des hauteurs vraiment ment. On a estimé récemment que la remarquables. Le record du monde France avait environ vingt milliards est détenu par un séquoia, un géant d'arbres. Donc, un deux suivi de dix de =Californie : il atteint plus de zéros ! Il y a des milliers d'espèces =140 mètres. d'arbres dans le monde mais en =Europe Chez nous, les mélèzes, les sapins pe nous n'en connaissons que =quel et les pins peuvent arriver jusqu'à ques dizaines. =60 mètres. Les chênes, les hêtres et Il y a d'abord les conifères. Leurs les érables les plus robustes atteifeuilles sont si étroites que nous les gnent environ 40 mètres. C'est la hauappelons « aiguilles ». Tu connais teur d'un building de douze étages. bien l'épicéa, le sapin, le pin, le mélèze. Ensuite, il y a les arbres feuillus, comme, par exemple, le hêtre, le chêne, le tilleul, l'érable, le peuplier, l'olivier, le marronnier, le bouleau et Un petit pied encore beaucoup d'autres. A part le d'oranges douces mélèze, tous les conifères gardent leurs aiguilles en hiver. Ils sont donc =Zézé est un petit =Brésilien. Sa famille toujours verts. Les feuillus perdent doit déménager, et il est malheureux leurs feuilles en automne. Sauf le parce que, dans le jardin de la nouhêtre noir de la =Nouvelle-Zélande. En velle maison, il ne trouve pas d'arbre hiver, ses feuilles couvertes de neige qui puisse être son ami. Sa sueur offrent un très joli spectacle. =Glôria essaie de le consoler. Quel âge un arbre peut-il atteindre? « Plutôt que ces horreurs, je préfère Un arbre vit trois ou quatre fois encore le pied d'oranges douces. plus longtemps que l'homme et peut - Où? » Attendre, de peur qu'un autre son ne vienne rompre le silence. Attendre, pour être sûr. Le renard se laissait guider par son instinct. Il devait prendre garde. Il devait se méfier. Saisissant dans sa gueule le bout de la planche, il tira pour l'arracher. Il la déplaçait avec circonspection, de manière à la faire glisser presque sans bruit contre le sol sec. Il se faufila par le trou. Un faible rai de lumière lui permit d'apercevoir une poule toute proche. Il la saisit par le cou. Battements d'ailes, cris de panique, les autres volailles s'éveillèrent. Vacarme, qui à la face du monde entier milieu avec du fil et par leur extrémité avec de la cire. Et quand il eut assez de rangées, il leur fit prendre une courbe légère, comme de véritables ailes d'oiseaux. Son jeune fils =Icare le regardait travailler. En riant, le petit garçon rattrapait les plumes que le vent faisait envoler. Il appuyait son pouce sur la cire jaune pour l'amollir, mais il gênait plus qu'il n'aidait. Quand =Dédale eut fini la paire d'ailes, il la mit. Il se souleva dans l'air et y plana. Il remuait les ailes exactement comme il l'avait vu faire aux oiseaux, et miracle, il volait ! =Icare battit des mains de joie. « Fais-moi aussi deux ailes, père », s'écria-t-il. =Dédale fit alors une seconde paire d'ailes et apprit à son fils à voler. « Je t'avertis, =Icare, dit =Dédale, pas d'imprudences ! Ne sois pas trop hardi. Vole à mi-chemin entre le ciel et la terre. Si tu t'élèves trop, le soleil te brûlera les ailes. Si tu voles trop bas, la mer les mouillera. Prends-moi comme guide. Suis-moi et tout ira bien. » Tout en parlant, =Dédale fixait les ailes aux épaules de son fils. Ses mains tremblaient en pensant à la grande aventure qui les attendait. En même temps, il se faisait du souci au sujet de son fils. Il ne savait pas si =Icare obéirait. En ajustant ses propres ailes et en embrassant l'enfant plein d'impatience, des larmes coulaient sur le visage de =Dédale. « Souviens-toi ! répéta-t-il une dernière fois. Fais attention à mes paroles ; reste près de moi. » Puis il déploya ses ailes et s'envola du sommet de la maison. Icare le suivit. =Dédale ne perdait pas de l'ceil le jeune garçon, comme la mère oiselle qui a fait sortir un oiselet pour la première fois du nid, et l'a lancé dans l'air. C'était de bonne heure le matin. Il y avait peu de gens dehors. Seuls, çà et là, un laboureur dans un champ ou un pêcheur surveillant ses filets les aperçurent. « Ce doivent être des dieux », s'écrièrent ces simples travailleurs et ils s'inclinèrent en signe d'adoration respectueuse. Le père et le fils survolaient maintenant la mer. =Dédale n'avait plus d'inquiétude au sujet d'Icare, qui se servait de ses ailes aussi facilement qu'un oiseau. Déjà les îles de =Délos et de =Paros étaient derrière eux. =Calymné, riche en miel, était à leur droite. Un cirque à la mer Un cirque s'est embarqué à destination de =l'Amérique Soudain, au cours d'une tempête, les singes prennent le commandement du navire, le =MarcoPolo, qui raconte ici l'histoire. « La lumière électrique revient brusquement et alorE qu'est-ce qu'on entend? Une voix dans le haut-parleur. Elle arrivait de la cabine du capitaine, mais ce n'était pas la voix du capitaine. « Ici le chimpanzé =Mathusalem. J'ai pris le commandement de ce navire et je donne l'ordre à l'équipage de jeter ses armes. Le capitaine Lazarus a désobéi à la Grande Loi. » « Ce doit être le mousse qui fait une blague, songeait =Lazarus, ou un marin qui a trop bu. Ils auront de mes nouvelles. » Il se dirigeait vers sa cabine, de nouveau on entendit la voix. « =Lazarus, ne bougez plus, vous avez affaire à un chimpanzé qui sait ce qu'il veut. Je viens de lire des choses intéressantes dans un livre de votre cabine, =RobinsonCrusoë. J'ai sous les pattes tout ce qu'il faut pour mettre le feu à ce navire. Je donne l'ordre à l'équipage de ne pas couper le courant électrique. Aux éléphants, de se tenir tranquilles. A vous, Lazarus, de naviguer vers l'ouest dès que le vent aura diminué, jusqu'à une certaine île de la mer des Antilles, à cinq cents milles de nous, dont je vous dirai plus tard la position exacte. J'attends mes amis singes pour fumer un cigare avec eux. » Lazarus était ahuri. Une mutinerie pareille ! C'était sans exemple : il ne pouvait qu'obéir. - =Maman, cela m'est égal de n'avoir que la plume et les os. Ce que je veux, c'est savoir ce qu'il m'est possible et ce qu'il ne m'est pas possible de faire dans les airs, un point c'est tout. Et je ne désire pas autre chose. - Voyons, =Jonathan, lui dit non sans bienveillance son père, l'hiver n'est pas loin. Les bateaux vont se faire rares et les poissons de surface gagner les profondeurs. Si étudier est pour toi un tel besoin, alors étudie tout ce qui concerne notre nourriture et les façons de se la procurer. Ces questions d'aérodynamique, c'est très beau, mais nous ne vivons pas de vol plané. N'oublie jamais que la seule raison du vol, c'est de trouver à manger ! » =Jonathan, obéissant, acquiesça. Durant les quelques jours suivants, =Jonathan s'efforça de se comporter à l'instar des autres goélands. Il s'y efforça vraiment, criant et se battant avec ses congénères autour des quais et des bateaux de pêche, plongeant pour attraper des déchets de poisson et des croûtons de pain. Mais le cceur n'y était pas. « Cela ne rime à rien, se disait-il, abandonnant délibérément un anchois durement gagné à un vieux goéland affamé qui lui donnait la chasse. Dire que je pourrais consacrer toutes ces heures à apprendre à voler. Il y a tant et tant à apprendre ! » Il ne fallut donc pas longtemps à =Jonathan le Goéland pour se retrouver à nouveau seul en pleine mer, occupé à apprendre, affamé mais heureux. L'objet de son étude était maintenant la vitesse et, en une semaine d'entraînement, il apprit plus sur la vitesse que n'en savait le plus rapide des goélands vivants. Battant des ailes de toutes ses forces, à une hauteur de trois cents mètres il se retournait pour nuit des cheminées. Il écrase son dos contre l'une des parois, ses genoux contre l'autre. « =SaintRoch et saint =Sébastien, ne me laissez pas tomber. » Et il grimpe dans le noir. =Claude lui crie d'en bas « Ouvre mieux ton sac, boudou ! Tu fais tout tomber par terre. » Cette cheminée semble sans fin et =Benoît respire mal avec sa cagoule sur le nez. =Noir. =Noir. =Noir. Nuit. Noir. Et dessous, le vide. Racler. Noir. Suie. Sac. Racler. Nuit Enfin, une bouffée d'air lui rafraîchit le sommet du crâne. Il doit être bientôt sur le toit. Une dernière poussée des reins et des pieds et il est en haut. =Benoît arrache sa cagoule et aspire à pleine bouche une bouffée d'air frais. « ta bas! » hurle-t-il par la cheminée. Puis il regarde autour de lui le paysage nouveau des toits et des toits, des cheminées et des clochers d'église. =Benoît éternue pour chasser les poussières qui lui chatouillent le nez. Et soudain, après la peur du noir, la peur du vide qu'il sentait sans le voir, la peur d'avoir des jambes d'agneau, =Benoît voit l'alpe, la =Croix-du-Chatel, Grand-Père. Il a gagné sa première victoire. « -Benoît, ça va faire un sacré gaillard! » Et avant de redescendre, =Benoît chante à pleins poumons. En passant par la =Bourgogne, Je rencontre un petit homme Qui mangeait de pain, de tomme, Qui buvait du ratafia, Hohé ! hohé, chante-t-il Je m'en viens de la =Savoie Ramoner la cheminée Du haut en bas « O ta bas! crie =Benoît à =Claude. - O ta bas ! » répond =Claude. =Benoît tire de nouveau la cagoule sur son nez, n'oublie pas de changer de côté pour racler l'autre paroi et descend en faisant attention de ne pas laisser tomber la suie hors du sac. La dame au bonnet blanc est tout agitée « Mais il a tout sali ! Mais il ne sait pas ramoner ! Mais il va falloir que je renettoie toute la maison ! Mais dans une maison? Rien. Une poussière. L'ombre d'une poussière ! » Grisé par ses propres paroles, il finit par se convaincre lui-même et, pour conclure, il engloutit le passé sous des pelletées d'injures « Des pouilleux, voilà ce que nous étions ! C'est ça que tu appelles une maison? Il haussait la voix et balayant l'air de sa main levée « Une étable plutôt! Des bêtes, voilà comment nous vivions, comme des bêtes ! » Les bras croisés, la tête haute, les paupières volontairement closes, Om Khalil lui faisait entendre qu'il parlait pour lui seul. Saïd passa le dernier jour assis sur le seuil, le ballon serré contre sa poitrine. Les hommes étaient absents, les femmes nerveuses, on entendait leurs voix pointues mêlées aux piaillements des petits. L'enfant était triste, son cceur lui paraissait plus gros que le ballon. Il s'en voulait d'avoir encouragé les « démolisseurs », d'avoir rêvé du grand boulevard et préféré, dès le début, l'autre maison à celle-ci. Le ballon tomba, roula sur le sol, heurta un monceau de ferraille, s'immobilisa. Qu'il reste où il était ! Saïd n'en voulait plus. Les mains vides, il se redressa et, se retournant, contempla longuement l'escalier. Puis, sa résolution prise, pas à pas, il monta les marches. Accroupie sur son lit, soutenue par des coussins, le dos à la fenêtre, la vieille était toute dorée par le soleil couchant. L'enfant avança jusqu'au milieu de la pièce, puis, s'arrêtant, se dandinant d'un pied sur l'autre. « Tu n'as rien à me dire? demanda-t-elle, lui faisant signe d'approcher. - Je ne sais pas. - Raconte-moi quelque chose. - Quoi? - N'importe quoi. - Je ne sais pas. - Dis-moi une poésie... Celle de la grenouille qui a volé les cheveux de la mariée. - Je l'ai oubliée. - Celle de l'oie qui se prend pour l'hirondelle. » Il récita rapidement ce qu'il savait. « C'est drôle ! dit-elle, applaudissant. Chaque fois c'est aussi drôle. » En montagne, =MCourteroche voulait sortir des chemins battus, échapper à l'alpinisme classique de moyenne difficulté que sa condition de modeste grimpeur, mais bon marcheur, l'autorisait à pratiquer dans une position verticale et noble. Tout à coup, ces ascensions classiques étaient devenues, pour lui, insupportablement monotones. Il voulait se lancer, fût-ce au détriment de la noble position dans l'alpinisme dit acrobatique, découvrir l'inconnu, les horizons incertains de l'escalade d'extrême difficulté : le sixième degré! Il était au chômage depuis trop longtemps. L'ennui lui rongeait la cervelle. Délaissé par un milieu politique où jadis il avait eu quelques entrées, il se morfondait dans la triste solitude de sa grande demeure sur la colline. Ses fameux camarades de la capitale, autour desquels il gravitait encore assidûment, dépensant ses derniers deniers en réceptions ruineuses qui ne lui étaient jamais rendues, l'avaient oublié. Oh! pauvre =MCourteroche, comme il soupirait en évoquant la belle, la fastueuse époque où, chef de cabinet de =MleMinistre, il régnait splendide dans l'opulence, dans la gloire de ses petits pouvoirs. Oh! oui, il en avait gros sur le coeur, =MCourteroche, de se voir abandonné, rejeté par d'ingrats amis qui ne savaient que suivre les instincts du moment. Cependant, c'était clair comme l'eau des torrents chargée d'alluvions à la fonte des neiges, il vaincrait. Il était temps, avant que tout ne s'effondrât définitivement, de reprendre piolet et marteau, d'aller frapper à grands coups la roche, afin que la pierre meurtrie rugît à tous les échos : « =MCourteroche est là ! Encore là là là! » En somme, =MCourteroche était atteint d'une « premiérite » aiguë. II voulait ouvrir des itinéraies nouveaux, graver à jamais son nom sur les durs et vertigineux versants des montagnes. D'une façon ou d'une autre, tête en haut ou tête en bas, dans les positions les plus folles, il passerait! D'une façon ou d'une autre il s'élèverait le long des parois les plus surplombantes, il se glisserait en longues reptations, comme un petit cochon =d'Inde, dans les plus étroites fentes de la roche. «Toujours là là là là! clamerait l'écho. Incendie dans la brousse Pour défricher une forêt, de jeunes =Africains mettent le feu. Soudain le vent se lève, le feu se transforme en incendie. La colère du feu s'éveilla. La flamme sautilla d'une touffe à l'autre, se répandit sur un front qui dépassa vite les hommes et les champs qu'ils convoitaient. Aussi loin que pouvait porter la vue, la flamme et la fumée devinrent maîtresses de la terre, maîtresses du ciel que le jour abandonnait. Les bêtes qui fuyaient et celles qui se muraient dans les profondeurs, toutes les bêtes gémissaient. Rattrapées les premières par le feu, les tortues agitaient un instant leur mâchoire édentée et se réduisaient sous leur carapace pour attendre la mort ; et, comme les tortues, les caméléons et autres bêtes au pas prudent, au pas hésitant acceptaient le destin, tête contre tête, innocentes et résignées. D'autres, plus alertes, se réfugièrent au coeur de sombres taillis, sous des arbres énormes. Mais, poussé par le vent d'est, le feu atteignit la haute brousse, envahit la forêt. Courant et dansant à travers la nuit, le feu ramassa sur son passage des biches naines au crâne orné de deux pointes acérées, des biches rayées qui fréquentent les clairières, des antilopes-cheval aux cornes torses qui font la gloire des chasseurs, un lion solitaire et vieux qui se rapprochait des troupeaux et commençait sa tournée nocturne. Un à un se mirent en marche tous les animaux. Du sommet des arbres géants qui, par orgueil, abritaient des tornades leurs frères moins élevés, les oiseaux s'échappaient, aveugles, les plumes ébouriffées. Et tout le peuple de la brousse et de la forêt fuyait à travers ces arbres qui demain se dessécheraient et plus tard deviendraient des squelettes tout blancs au clair de lune. Et le feu pénétra dans une autre plaine où s'était réfugiée une harde d'antilopes au poil onctueux. En tête, un vieux mâle aux cornes lourdes et cintrées. A la même hauteur un jeune mâle se =Alice au pays des merveilles =Alice se mit à genoux et aperçut au bout de ce corridor le plus joli jardin du monde. Comme elle aurait voulu sortir de ce somber couloir et se promener parmi ces parterres de fleurs lumineuses et ces claires fontaines ! Mais elle ne pouvait même pas glisser la tête par l'ouverture de la porte. «Et même si ma tête passait, se dit la pauvre =Alice, mes épaules ne suivraient pas. Oh ! Comme je voudrais rentrer en moi-même à la façon d'un télescope ! Je le pourrais bien si je savais seulement par quel bout commencer. » Car, vous comprenez, tant d'événements extraordinaires venaient de lui arriver qu'elle était bien près de penser qu'un très petit nombre de choses lui étaient vraiment impossibles. Comme il semblait inutile de rester plus longtemps devant la porte, elle revint à la table avec le vague espoir d'y découvrir une clef, ou tout au moins un manuel expliquant la manière d'entrer en soi-même comme un télescope. Cette fois, elle trouva une petite bouteille (« qui n'était sûrement pas là tout à l'heure », pensa-t-elle) et, attachée au goulot, une étiquette portant ces mots magnifique- ment imprimés en lettres majuscules : BOIS-MOI. C'était bien joli de dire « BOIS-MOI » ; mais la sage petite Alice n'était pas si imprudente. « Non, je vais voir d'abord, dit-elle, si le mot poison n'est pas inscrit quelque part. » Car elle avait lu de belles histoires d'enfants brûlés vifs ou dévorés par des bêtes féroces, et à qui il était arrivé toutes sortes d'aventures fâcheuses et cela parce qu'ils n'avaient pas voulu se souvenir de simples conseils tels que : ne tenez pas un tisonnier rouge trop longtemps, il vous brûlerait ; ou bien : ne vous coupez pas trop profondément, cela vous. ferait saigner; ou encore (et c'est une règle qu'elle n'avait pas oubliée) : si vous buvez trop d'une bouteille marquée poison, vous vous en repentirez tôt ou tard ! En tout cas, cette bouteille-là ne portait pas le mot : poison. =Alice se risqua donc à goûter et comme c'était bon (la liqueur avait, en effet, une saveur de tarte aux cerises mêlée de flan, d'ananas, de dinde rôtie, de caramel et de biscotte beurrée), elle l'avala d'un seul coup. Pendant les heures qui s'écoulèrent ensuite, =Bundle trouva sa situation assez peu agréable. Elle avait prévu que la réunion, si réunion il y avait, aurait lieu au moment où le club serait en pleine activité,. c'est-à-dire probablement entre minuit et deux heures du matin. Elle pensait que l'aube n'allait pas tarder à poindre quand un bruit se fit entendre, celui d'une clé tournant dans une serrure. Une minute après, l'électricité fut allumée, les voix lointaines qu'elle avait discernées pendant quelques instants s'éteignirent et =Bundle se rendit compte qu'on tirait un verrou. Quelqu'un qui venait de la salle de jeu passa un moment plus tard dans son champ visuel, forcément un peu limité. C'était un homme grand, aux épaules larges, portant une longue barbe noire et =Bundle se rappela l'avoir vu assis à une table de baccara, le soir précédent. Ce devait être le propriétaire russe du club, le sinistre =MMosgorovsky. Le=Russe demeura quelques instants debout auprès de la table, caressant sa barbe ; puis il tira une montre de sa poche et la consulta. Il hocha la tête d'un air satisfait, remit sa main dans sa poche, en sortit quelque objet que =Bundle ne put pas voir et s'éloigna un peu, ce qui ne permit plus à la jeune fille de l'apercevoir. Lorsqu'il reparut, Lady Eileen étouffa à grand-peine un cri de sur prise, car le visage de l'inconnu était couvert d'un masque étrange. Il n'était pas appliqué sur la figure et se composait simplement d'une pièce d'étoffe qui pendait comme une draperie et dans laquelle deux fentes étaient percées à hauteur des yeux. La partie supérieure arrondie, représentait un cadran dont les aiguilles marquaient six heures. « Les Sept =Cadrans », pensa =Bundle. Au même instant on frappa sept coups étouffés. =Mosgorovsky traversa la pièce dans la direction où =Bundle savait que se trouvait la porte du premier placard. Un cliquetis se fit entendre, suivi d'un échange de salutations en langue étrangère. La jeune fille ne tarda pas à voir les nouveaux venus : ils portaient tous des masques à cadrans, mais dont les aiguilles marquaient respectivement quatre heures et cinq heures. Les deux personnages qui venaient d'entrer portaient l'habit de soirée, mais présentaient quelques différences : l'un était un jeune homme élégant et mince dont l'habit était admirablement coupé ; il le portait avec une grâce qui n'était pas absolument anglaise. L'autre était souple et maigre. Ses vêtements lui allaient assez bien seulement et =Bundle devina sa nationalité avant même d'avoir entendu sa voix, qui était agréable et avait des inflexions irlandaises mêlées à l'accent américain. =PierrePiget se voit confier une mission délicate par son patron : utiliser le nouvel ordinateur. Et c'est comme ça que =PierrePiget prit possession d'un nouvel ordinateur. C'était une machine fantasque, compliquée, mal fichue, plus très jeune, qui avait beaucoup servi et dont on avait modifié plusieurs fois les programmes. Les programmes, c'est comme les disques dans les électropho- nes : si on les change, la musique change. Ainsi, dans sa jeunesse, cet ordinateur-là avait réglé des feux rouges dans les rues de =Paris. Puis il avait un peu travaillé dans l'armée, en faisant des calculs très compliqués. Enfin il avait été récupéré par une société qui fabriquait des mots. Oui, des mots. On croit que les mots s'inventent tout seuls, comme ça, ou qu'ils ont toujours existé. Ça n'est pas vrai du tout. Aujourd'hui, à chaque minute, quelqu'un invente quelque chose un médicament, un outil, un tissu, n'importe quoi. Et ces choses là, il faut leur donner un nom. Sans ça, tout s'appellerait machin « Donnez-moi deux comprimés de machin. Ne vous tapez pas sur les doigts avec le machin. Vous avez vu mon nouveau costume en machin? » On n'y comprendrait plus rien. Bien sûr, il y a les =Schtroumpfs, mais eux, c'est différent. Alors, il y a des gens qui inventent des mots, qui les mettent en réserve dans un coin et qui les revendent à qui en veut. Remarquez, ils pourraient travailler à la main. Mélanger les lettres, chercher tout ce qu'on peut faire en commençant par A, puis par B, puis par C, etc. Mais cela prendrait du temps, on pourrait oublier certainés combinaisons, et puis il serait difficile, ensuite, de savoir exactement quels mots sont encore nouveaux (parce qu'ils n'ont jamais CONTACT =DharRy était seul dans la pièce, méditant. Il capta une onde de pensée équivalent à un léger coup frappé à son huis et lança une onde de volonté qui ouvrit la porte. Entrez, ami, dit-il. Il pouvait, bien sûr, projeter cet accueil par télépathie, mais quand il n'y avait que deux personnes dans une pièce, la politesse exigeait une formulation audiblement articulée. - Vous veillez tard ce soir, mon maître, dit =EjonKhee en entrant. d'observer l'explosion dans leurs - Oui, =Khee. La fusée des =Terriens doit se poser - pour obtenir une une analyse d'ici une heure, et je voudrais la voir. Oui, je sais, retenu leur formule, qui leur elle se posera à quinze cents kilomètres d'ici, si leurs en une fo calculs sont exacts. Autrement dit en-dessous de pauvres) sur l'atmosphère de notre ligne d'horizon. Mais même si elle se posait composition de sa surface. deux fois plus loin, l'éclat de l'explosion nucléaire les artilleurs chez eux appelnous sera visible, et voilà de longues années que réglage. Leurs premiers cosmonaut j'attends cette première prise de contact. Il n'y aura, certes, aucun Terrien dans cette fusée, mais ce sera néanmoins la première prise de contact, pour eux ; et nos équipes de télépathie savent, à force de déchiffrer depuis des siècles la pensée des =Terriens, ce que représentera pour eux cette première fusée terrienne à se poser sur =Mars. =Khee s'installa confortablement dans un des fauteuils - Bien sûr, dit-il. Mais je n'ai pas suivi de bien près les derniers comptes rendus. Pourquoi ont-ils muni leur fusée d'une tête nucléaire? Je sais qu'ils croient notre planète inhabitée, mais de là à envoyer un projectile de guerre. ou la promesse oubliée Un chasseur célèbre chez les =Peaux-Rouges décida de bâtir sa maison loin de sa tribu. Avec sa femme et ses trois enfants, il vécut près de la rivière pendant de nombreuses années dans la paix et le bonheur. Un jour, le père sentit qu'il devenait de plus en plus faible et comprit qu'il devait bientôt mourir. Et le soir de ce jour, quand sa famille fut réunie autour de lui, il dit « Je vais m'éloigner pour toujours. Toi, ma femme, compagne de ma vie, avant que ne décroisse la septième lune, tu viendras me rejoindre. Mais vous, mes enfants, vous dont la vie ne fait que commencer, vous allez apprendre à connaître la méchanceté, la cruauté et l'ingratitude que j'ai fuies naguère. Je quitterai cette vie sans regrets et sans angoisse, si vous me promettez, mes enfants, de vous aimer toujours et de ne jamais abandonner votre petit frère. - Jamais, jamais nous n'abandonnerons notre petit frère ; nous le promettons », s'écrièrent-ils. Et le chasseur mourut sans regrets. Sept lunes s'étaient à peine écoulées que, comme il l'avait prédit, la femme du vieux chasseur alla rejoindre son mari; mais avant de quitter ses enfants, elle rappela aux deux aînés la promesse qu'ils avaient faite à leur père de ne jamais abandonner leur frère, si jeune et si faible. Ils promirent de nouveau. Et la mère mourut sans regrets. Et aussi longtemps que la neige recouvrit la terre, les aînés entourèrent leur petit frère d'affection et d'amour. Mais quand la terre au printemps devint verte, le fils aîné sentit naître en lui le désir irrésistible d'aller rejoindre la tribu de son père. Il en fit part à sa sceur qui lui répondit «Mon frère, je te comprends et je partage ton désir, mais souviens-toi de la promesse que nous avons faite à notre père et à notre mère. Allons-nous oublier notre petit frère ? » Le frère aîné garda la silence. Il se souvint de la promesse qu'il avait faite à son père et à sa mère. Les jours passaient, la rivière coulait lentement. Sept lunes s'étaient à peine écoulées quand les feuilles des arbres devinrent rouges, puis jaunes et qu'elles se détachèrent des branches. Le frère aîné sentit renaître en lui le désir d'aller rejoindre la tribu de son père. Tant que la neige recouvrit la terre, le frère et la sueur aînés continuèrent à entourer leur petit frère d'affection et d'amour. Mais quand la terre redevint verte et que le printemps fit jaillir des feuilles sur toutes les branches des arbres, le frère aîné fit part à sa sueur de son désir d'aller rejoindre la tribu de son père. Elle lui répondit « Je te comprends et je partage ton désir de retrouver nos frères, mais souviens-toi de la promesse que nous avons faite à notre père et à notre mère. Allons-nous oublier notre petit frère ? » Mais le frère aîné ne voulut rien entendre et, sans plus hésiter, prit son arc et quitta sa tente. Dans la plupart des constructions modernes du d'un architecte japonais, comme « le royaume de la =Japon, on ne retrouve la tradition ni dans les matéoexistence ». Cela veut dire que différentes activiriaux ni dans les techniques du bâtiment qui sont tés se déroulent dans un même espace. Dans la maimaintenant internationales. Mais on la retrouve dans son traditionnelle, il n'y a pas de distinction entre salle la façon particulière dont les =Japonais conçoivent et à manger, salon et chambre à coucher. Le matériel aménagent l'espace où ils habitent. Ils considèrent se prête aux transformations : cloisons coulissantes, avant tout qu'ils doivent respecter la nature et qu'ils panneaux démontables, paravents pliants. Le mobipeuvent agir sur elle. Ce rapport étroit se manifeste lier est réduit à quelques éléments faciles à déplaen particulier dans la façon pleine de sensibilité dont cer : tables basses, lampes, matelas légers que l'on est organisé l'espace habitable. On pourrait dire de range le jour et déroule par terre le soir, différents la maison japonaise que, là où les moyens le permettypes de coffres, en bois laqué ou en osier. Les tent, les habitants n'entourent pas leur maison d'un armoires sont encastrées dans les murs. jardin, mais qu'ils l'intègrent dans un jardin. De tous les matériaux utilisés, le plus important est L'harmonie entre la maison et le jardin est essen- le bois. La forêt japonaise offre une grande variété tielle : c'est un tout homogène, dans la forme, la taille d'essences aux nuances exquises. Il permet de conset le choix des plantes et des matériaux. L'ossature truire et de réparer rapidement, il est léger et souple, du jardin japonais est composée de pierres et de sen- avantage appréciable en cas de tremblement de terre, tiers pavés où rien n'est laissé au hasard. L'espace fléau auquel le =Japon est fréquemment sujet. L'habi-intérieur de la maison est délimité - à l'exception leté à faire ressortir les veines et les teintes du bois dans des murs orientés au nord par des panneaux une maison va de pair avec l'art de mettre en valeur mobiles que l'on fait coulisser pendant la journée le moindre objet, choisi avec un goût raffiné. pour permettre à la maison de s'ouvrir sur le jardin. Au =Japon, l'espace est défini, selon l'expression A l'intérieur d'une cerise, d'une pêche, d'une noix, C'est de cette place centrale - ronde, ovale ou caril y a un noyau ; et c'est la partie la plus dure. Dans rée, selon l'occasion - que partent en général les une cité, au contraire, c'est l'inverse qui se passe, rues importantes. Quand la place est ronde, les rues la plupart du temps : les villes, en général, se for- divisent parfois la ville en quartiers égaux, comme ment autour d'un espace vide qui est appelé la les parts d'une énorme tarte aux pommes ! (...) « Grand-Place ». C'est surtout le cas en =Italie, où Mais les villes construites sur un dessin aussi sim- tant de villes sont nées autour d'une place. Pourple que celle-là sont tout de même assez rares. Dans quoi cela ? =L'Italie antique, avant =Jésus-Christ, la plupart des cas, il y a, assez près de la grand-était constituée de « cités », petites et grandes place centrale, d'autres places plus petites : une (Rome, en particulier), où la vie publique, les par quartier, le plus =Carles villes imporsemblements de la population à tout propos pour tantes, en réalité, sont formées de plusieurs villes discuter des affaires communes occupaient une plus petites, qui sont un peu comme des villages. grande partie de la journée. Ce lieu de réunion était Non pas tellement dans l'aspect et la forme des appelé le « forum ». Plus d'un forum existe encore, maisons, mais dans la façon d'être des habitants, et sous ce même nom, dans certaines villes italien- qui ne connaissent et ne fréquentent que les gens nes. Ainsi, l'habitude de construire une « cité » du voisinage. Les seules occasions, finalement, de autour de la place centrale s'est conservée; en Italie se connaître, ce sont les fêtes. Et ce sont justement surtout, bien sûr, mais un peu partout dans le les places qui servent alors à rassembler les gens. monde et tout au long des siècles. Au =Moyen Age, Par exemple, ce sont les foires, les marchés qui ont vu naître la =Grand-Place. Mon amie =Zaza Le jour où j'entrai en quatrième-première j'allais sur me; dix ans - le tabouret voisin du mien était occupé par une nou. velle : une petite noiraude, aux cheveux coupés court. En atten. dant Mademoiselle, et à la sortie de la classe, nous causâmes. Elle s'appelait =ÉlizabethMabille, elle avait mon âge. Ses études, commencées en famille, avaient été interrompues par un grave acci- dent : à la campagne, en faisant cuire des pommes de terre, elle avait mis le feu à sa robe ; la cuisse brûlée au troisième degré, elle avait hurlé pendant des nuits ; elle était restée couchée toute une année; sous la jupe plissée, la chair était encore boursouflée. Il ne m'était jamais rien arrivé de si important : elle me parut tout de suite un personnage. A la séance récréative qui avait lieu chaque année, aux environs de Noël, on nous fit jouer ensemble une saynète. En robe rose, le visage encadré d'anglaises, j'incarnais Madame =deSévigné enfant! Élizabeth tenait le rôle d'un jeune cousin turbulent; son costume garçonnier lui seyait et elle charma l'auditoire par sa vivacité et son aisance. Le travail des répétitions, notre tête-à-tête sous les feux de la rampe, resserrèrent encore nos liens ; on nous appela désormais : «les deux inséparables». On nous autorisa, Élizabeth et moi, à aller jouer l'une chez l'autre. La première fois, ma sueur m'accompagna rue de Varenne et nous fûmes toutes deux effarouchées. =Élizabeth - que dans l'intimité on appelait Zaza - avait une grande sueur, un grand frère, six frères et sueurs plus jeunes qu'elle, une ribambelle de cousins et de petits amis. Ils couraient, sautaient, se battaient, grimpaient sur les tables, renversaient des meubles, en criant. A la fin de l'après-midi, Madame =Mabille entrait dans le salon, elle relevait une chaise, elle épongeait en souriant un front en sueur ; je m'étonnai de son indifférence aux bosses, aux taches, aux assiettes cassées : elle ne se fâchait jamais. Je n'aimais pas beaucoup ces jeux déréglés, et souvent =Zaza aussi s'en fatiguait. Nous nous réfugiions dans le bureau de =MMabille, et loin du tumulte, nous causions. C'était un plaisir neuf. Mes parents me parlaient, et moi je leur parlais, mais nous ne causions pas ensemble; entre ma sueur et moi, il n'y avait pas la distance indispensable aux échanges. Avec =Zaza, j'avais de vraies conversations, comme le soir papa avec maman. Nous causions de nos études, de nos lectures, de nos camarades, de nos professeurs, de ce que nous connaissions du monde. Le studio de télévision Comme on peut s'y attendre, c'est dans les studios de télévision que le matériel vidéo est le plus employé. La préparation d'un programme de télévision, par exemple l'épisode hebdomadaire d'un feuilleton télévisé, requiert un travail important de la part de nombreuses personnes. Avant toute activité en studio, le réalisateur d'une émission doit déterminer quelles images il veut montrer, et de quel matériel vidéo il a besoin pour les produire. Lorsque l'auteur a terminé la rédaction du scénario, ou histoire découpée en scènes, le réalisateur le lit et étudie comment il le mettra le mieux en images. Il décide par exemple que certaines scènes seront filmées de près, mais où placera-t-il la caméra? Aura-t-il besoin d'une autre caméra pour les vues prises à distance ? Comment filmera-t-il trois acteurs participant à une même scène? Mettra-t-il une caméra face à chaque acteur? Finalement, il divisera tout le programme de tournage de l'épisode en séries de prises de vues à effectuer par plusieurs caméras, disposées en diverses positions, et il est prêt à aborder le travail en studio. Le studio est dominé par les décors nécessaires au programme, et par l'éclat des puissants projecteurs, fournissant l'éclairage dont ont besoin les caméras vidéo pour prendre de bonnes images. Des écrans de contrôle ou moniteurs montrent à l'instant même les vues prises par les caméras vidéo. Attachés au bout de longues perches, des microphones captent le son. Lorsque le réalisateur crie : « Action ! », les caméras se mettent à fonctionner, et les acteurs jouent et récitent le texte qu'ils ont appris par coeur. La prise de vues et l'enregistrement ne dureront peut-être qu'une minute, jusqu'à ce que le réalisateur crie : «Coupez ! », pour terminer la scène et préparer la suivante. Mais la scène précédente ne satisfait peut-être pas le réalisateur, ou a été ratée : parce qu'un acteur a mal dit son texte, ou parce qu'une caméra a filmé le micro dans le coin de l'image, et dans ce cas la scène doit être recommencée. Mais peu à peu, d'une prise de vues à l'autre, et scène par scène, tout le programme de tournage est laborieusement réalisé dans son détail et son ensemble. conte, dont l'action se situe à l'embouchure du =RioNegro, met en scène « la Yara », c'est-à-dire « la Mère de l'eau », et un homme qui, cette fois, décide de vivre dans un autre monde. Un jeune Indien suivait le cours du fleuve, assis dans sa pirogue, lorsqu'il vit, debout sur la rive, non loin d'une cascade, une très belle jeune fille qui lui tendit les bras avant de disparaître dans les eaux. Notre héros devint éperdument amoureux de la merveilleuse apparition. Il rentra chez lui, refusa de manger et de parler. Toute la journée, il demeura accroupi devant sa hutte, =regardant autour de lui d'un air absent. Sa mère, inquiète, le harcelait de questions. Il finit par lui conter son aventure. Folle d'angoisse, la pauvre femme le supplia de ne jamais retourner sur le fleuve. Il devait avoir rencontré la =Robin =Robin s'étant blessé à la cheville ne se rend pas à l'école. Il décide cet après-midi-là de se promener au bord de la mer. Tout à fait au bord de la mer, aussi loin que l'on pouvait marcher par une marée aussi basse que celle-ci, =Robin savait que le roc nu ne se voyait qu'à peine entre les colonies de moules bleues et les forêts d'algues brunes. Là, les flaques étaient souvent bordées de rose à peine un peu moins vif que celui des oeillets des falaises. C'étaient des bassins très peuplés où des crevettes flottaient tels des fantômes, transparentes dans l'eau, et où des anémones de mer sombres poussaient en bouquets comme des fleurs. Des poissons, déjà de belle taille, filaient comme des flèches vers leurs refuges dans des grottes minuscules ou se cachaient sous une algue quand une ombre se projetait sur leur monde. =Robin enleva ses chaussures. Pendant les mois d'hiver, ses pieds étaient devenus mous et tendres et il se fit mal en marchant sur les arêtes vives des rochers noirs. Mais il n'avait pas oublié la sensation du sol. Sans y penser, =Robin choisissait la saillie, la place la plus douce pour atterrir après un saut. =Robin arriva à l'endroit où il était possible de sauter sur le sable sans tomber dans une flaque, plus bas que le bassin profond et que l'abri du déshabillage, jusqu'au bord de la mer. Cinq mouettes s'écartèrent de =Robin à pas pressés mais dignes, laissant derrière elles les marques triangulaires de leurs pattes sur le sable. =Robin se tint jusqu'aux chevilles dans l'eau froide et écumeuse et laissa les vagues claquer contre ses genoux. Ce jour-là, les brisants étaient gros : d'énormes montagnes vertes s'élevaient de la mer jusqu'à ce qu'elles atteignent deux, trois ou quatre mètres de hauteur. Puis elles s'écroulaient et se brisaient en une ligne épaisse d'écume blanche, arrivant à la terre en mugissant. Mais, le temps qu'elles parviennent sur le haut-fond où =Robin se tenait.