&&000 FRANCE – 4TH GRADE – 1950S FR-4TH-50S.TXT TWO SAMPLE BOOKS: HACHETTE; ISTRA 12 PAGES FILE SAVED IN UTF-8 FORMAT Re-edited 19 May 2005 &&111 DAME =KÉLÉMENT 1 Dès qu'elle entendit ce que le serpent lui avait murmuré, elle sortit en courant de la maison, et s'élança dans les bois. Et là, elle se mit à demander à tous les animaux le nom de la vieille sorcière. Elle interrogea tous les animaux qui vont à quatre pattes, tous les lézards, et tous les oiseaux. Mais ils ne savaient pas. Elle arriva à une grande rivière et elle questionna tous les poissons. Et les poissons lui répondirent tous, l'un après l'autre, qu'ils ne savaient pas. Mais le cirique, le petit crabe de rivière qui est jaune comme le plantain, le cirique savait. Le cirique était le seul être, dans tout l'univers qui sût le nom de la sorcière: Dame =Kélément. Alors la petite fille regagna la maison de la vieille en courant aussi vite que possible. Son petit estomac vide lui faisait si mal qu'elle savait qu'elle ne pourrait pas supporter la douleûr encore longtemps. La vieille était déjà de retour, grattant du manioc pour en faire de la farine et de la cassave. La petite fille marcha droit vers elle et dit: - Donne-moi à manger, Dame =Kélément. Deux étincelles enflammées jaillirent des yeux de la sorcière, et elle eut un sursaut si violent qu'elle se fracassa presque la tête contre les pierres sur lesquelles elle balançait ses pots. - Enfant! tu m'as vaincue! hurla-t-elle. Prends tout! Mange! Mange! Mange! Tout ce qui est dans la maison t'appartient! Puis elle bondit par la porte, rapide comme une explosion de poudre, elle sembla voler à travers les bois et les champs. Et elle courut tout droit à la rivière - car c'était sous le lit de la rivière que le diable avait enfoui très profondément le nom qu'il lui avait donné. Et elle s'arrêta sur les bords de la rivière, et se mit à chanter: - Loche! ô loche, est-ce toi qui as dis que je m'appelais dame =Kélément ? Alors la loche, qui est noire comme les pierres noires de la rivière, leva la tête et cria: - Non, maman! Non, maman, ce n'est pas moi qui ai dit que tu t'appelais Dame =Kélément. - Titiri, ô titiri! Dites-moi, est-ce un de vous qui a dit que je m'appelais Dame =Kélément ? LA CHASSE DU NARVAL AU =GROENLAND =Mikidi et =Kristian sont déjà foin, et les narvals ont replongé. Pendant qu'ils s'éloignent, tout proches du rivage, nous voyons deùx pousinartîts (c'est-à-dire des narvals qui viennent se laisser flotter en surface, tout tranquillement) qui font surface devant nous. Allongés sur la roche, nous les regardons remuer lentement leur énorme queue. L'un d'eux a une longue défense dont on voit le scintillement doré sous l'eau. Je les photographie mais ne les tire pas pour les raisons suivantes: il s'agit maintenant d'un premier banc qui vient d'entrer dans le fjord ; d'autres suivront probablement; si je blessais l'un d'eux, il créerait la panique chez les autres; de plus, un narval tué net au coup de fusil coule à pic. Et de ce dernier fait découle toute la technique de la chasse au narval. On ne le tue pas, on le harponne. La pointe de flèche amovible du harpon reste dans le corps, et le narval plonge en entraînant le flotteur. La courroie s'entortille autour de la queue, le flotteur fait résistance, le narval se fatigue et reste en arrière. A bout de souffle, il refait surface et il est décelé par la tache ronde et orange du flotteur. Il est encore trop tôt pour le tuer d'un coup de fusil. Il coulerait, entraînant le flotteur (il faudrait peut-être cinq ou six flotteurs pour maintenir à flot cet énorme corps). Les chasseurs le harcèlent alors de leurs lances et l'épuisent. Bientôt, il ne plonge plus, affaibli. Il respire de moins en moins fort. Alors seulement on peut l'achever, car même mort il flottera. C'est une chasse très dangereuse et pas faite pour un =Européen qui ne sait pas manier le harpon avec une parfaite maîtrise. Les deux narvals ont replongé. D'autres bandes, ronflantes et soufflantes, suivent le courant et entrent dans le fjord. L'une d'elles passe tout près =d'Itâyik. L'un des narvals, le dernier, a une longue défense qui sort de la mer à chaque bond et qui retombe en éclaboussant la surface de l'eau. - Pour =Kristian, celui-là, murmure =Doumidia. Ils sont huit en tout, qui avancent, presque flanc contre flanc, faisant bouillir la mer, jouant entre eux, disparaissant, bondissant d'un grand élan, soufflant de grandes gerbes d'eau ronflantes. LE VAINQUEUR DU RAPIDE =M - Qui y va le premier ? demanda =Falkki. - J'ai l'intention d'y aller le premier, dit la veste rouge. - D'accord, acquiesce Olavi. - Si l'on plaçait 'au moins quelques hommes là-bas, sur l'autre rive, pour porter secours en cas de besoin! dit =Moisio aux contremaîtres. - Ça n'est pas nécessaire pour moi! dit en ricanant la veste rouge. A moins que l'autre n'ait besoin d'être repêché. - Si vous voulez, dit =Olavi brièvement. Il est bon d'être prêt à tout. Les hommes cherchent leur perche. Inquiets, les gens sur le pont regardent le rapide. Le rapide de =Kohiseva est majestueux, surtout quand la débâcle des neiges gonfle ses eaux écumantes. Par-dessus sa nuque altière, le pont tend ses arches puissantes. Le fleuve s'élance sous le pont et projette en avant un long sillon mugissant qui s'élève et s'abaisse en vagues régulières. D'abord il fonce en ligne directe, puis il dévie à droite pour aller se briser en écumant contre le rocher d'Akeânlinna, qui se dresse, énorme, au milieu du fleuve, comme un géant. D'une fente de sa cime surgit un merisier touffu, tel un panache sur un casque. Le rocher sépare le fleuve en deux bras: à gauche, l'écume jaillissante bondit dans le canal du moulin; à droite, elle fonce à pic dans la voie de flottage creusée à même la roche. Sauvage est la course des flots et fulgurante la danse de l'écume dans le chenal, courte comme toute joie de la vie: du seuil rocheux, haut de deux ou trois brasses, les flots blancs se précipitent dans le tourbillon =d'Eve, gigantesque chaudière. Là, ils sont arrêtés et se calment pour continuer leur chemin en aval, beaucoup moins rapides. Tel est le =Kohisevankoski. Le =Castel des =Roches resterait isolé au milieu du tourbillon si, dans la période de flottage, les hommes n'obstruaient pas avec des troncs le bras du rapide situé entre le rocher et la rive gauche. Le barrage ainsi formé devient comme un pont formidable contre lequel les bûches se précipitent avec rage, avant d'être aspirées par la voie de flottage. La tâche des téméraires concurrents est de descendre le haut du rapide et de sauter sur le tas de troncs =d'Akeânlinna - s'il y a moyencar, dans la cascade, personne ne saurait rester debout sur un tronc, et personne ne franchirait vivant le seuil =d'Eve. Les aides sont déjà à leur poste, les concurrents se mettent en mouvement. LE BLANC =MISSERON Cependant, sa femme l'attendait en apprêtant une carbonnade pour son souper. C'était une pauvre créature qu'il battait comme blé et qu'à force de coups il avait rendue presque idiote. Elle s'appelait =Clara, d'où on avait fait =Clarette et finalement =Raclette, par allusion aux raclées qu'elle recevait toute la sainte journée. Pendant que la carbonnade grillait, elle. se souvint que la bière était sur le bas et qu'il fallait-mettre un tonneau en perce. Si son brutal venait à rentrer sans que le pot de bière fût sur la table, elle était sûre d'attraper sa volée. =Raclette descendit donc à la cave, mit le tonneau en perce et le pot sous le tonneau. A peine avait-elle ouvert le robinet qu'elle ouït un grand bruit, comme d'un millier d'oiseaux qui s'abattaient sur le toit. Vite, elle remonta pour s'assurer de ce qu'il en était. Arrivée au grenier, elle faillit tomber à la renverse en voyant plus de cent pierrots qui dévoraient le grain à bec que veux-tu. C'était le blanc misseron qui venait d'amener là tous les moineaux du pays. En quittant =Tafarot, il était allé droit à la cense de =Vaucelle, et, rassemblant ses frères, il leur avait révélé qu'il connaissait un grenier plein d'orge de mars, aussi tendre que du blé, et un trou pour entrer dans ce grenier. Tous, étaient partis comme un seul homme, et ils formaient un nuage si épais que, sur leur passage, les genss se signaient, croyant à une éclipse. =Raclette essaya de les chasser: ils volèrent autour d'elle sans quitter la place. Elle s'avisa d'ouvrir la lucarne; ils ne sortirent pas davantage, au contraire. Ceux qui attendaient dehors entrèrent en foule. =Raclette descendit dare-dare pour prendre un bâton. Ne voilà-t-il pas qu'au bas de l'escalier elle rencontra le nouveau chien de garde qui s'enfuyait, la carbonnade à la gueule! La ménagère se mit à sa poursuite. Malheureusement, il gagna la campagne et elle ne put l'atteindre. La bonne femme revint alors pour fermer le robinet du tonneau, mais, tandis qu'elle courait à travers champs, la bière avait coulé dans la cave. La tonne était vide et la cave inondée. Seigneur! dit =Raclette, que vais-je faire pour qu'il ne voie point ce gâchis ? - Jules, tu vois que je travaille, que j'use ma vie pour ma famille. Tu ne me secondes pas. Tu n'as d'affection ni pour moi, ni pour tes frères, ni pour ta mère! - Ah! ne dites pas cela, papa! interrompit l'enfant en éclatant en sanglots. Il allait ouvrir la bouche pour confesser ce qu'il avait fait quand son père l'interrompit en disant: - Tu connais les conditions dans lesquelles se trouve la famille, tu sais. qu'il faut de la bonne volonté et des sacrifices de la part de tous! Moi-même, vois-tu, je devrais doubler mon travail. Je comptais ce mois-ci sur une gratification de cent francs, au chemin de fer, et j'ai su, ce matin, qu'on ne nous donnera rien. A cette nouvelle, Jules se tut et ne laissa pas échapper la confession qu'il avait l'intention de faire. - Non, =papa, non, je ne te dirai rien, pensa-t-il, je garderai mon secret: car je veux travailler pour toi. Cela compensera la douleur que je te cause autrement. Quant à l'école, je travaillerai toujours de façon à passer mes examens. Ce qui importe c'est de t'aider à gagner ta vie, t'alléger la fatigue qui te tue. Et il alla de l'avant. Deux mois encore de travail de nuit et de journées languissantes, d'efforts désespérés de la part du fils, de reproches amers de la part du père. Mais le pire était que peu à peu celui-ci se refroidissait à l'égard de son enfant, ne lui parlait que rarement, comme s'il était un enfant endurci duquel il n'y a plus rien à attendre, et fuyait même son regard. Jules s'en apercevait, il en souffrait cruellement; lorsque son père lui tournait le dos, il lui envoyait furtivement un baiser, et son visage expriMait un sentiment de tendresse, de pitié et de tristesse. Entre le chagrin et la fatigue =Jules maigrissait et perdait ses belles couleurs, il était obligé de négliger de plus en plus ses études. Il comprenait bien que cela devait finir et chaque soir il se disait: - Cette nuit je ne me lèverai pas. Mais à peine minuit sonnait, au moment où il aurait dû se fortifier dans sa résolution, un remords le prenait. Il lui semblait que rester au lit c'était manquer à un devoir, c'était voler un franc à son père et à sa famille. Et il se levait, espérant qu'une nuit son père se réveillerait et le surprendrait, ou bien que par chance il s'apercevrait de la tromperie en comptant deux fois les bandes, et alors tout finirait naturellement, sans qu'il y eût de sa part un acte qu'il ne se sentait pas le courage d'accomplir. Et il continuait. =MYRTILLE Il faisait grand jour quand Myrtille s'éveilla dans la solitude du =Hârberg, sous un vieux sapin rongé par la mousse. Une grive chantait au-dessus d'elle, une autre lui répondait au loin, bien loin dans la vallée. La brise matinale agitait le feuillage comme un frisson, mais l'air, déjà chaud, se chargeait des mille parfums du lierre, de la verveine, des mousses et du chèvrefeuille sauvage. La jeune bohémienne ouvrit les yeux, tout émerveillée; elle regarda, puis se rappelant qu'elle n'entendrait plus =Catherine crier : « =Myrtille! =Myrtille! où donc es-tu, malheureuse ? » elle sourit et prêta l'oreille au chant de la grive. Près de là murmurait une source; l'enfant n'eut qu'à tourner un peu la tête pour voir l'eau vive jaillir le long du rocher et se répandre dans l'herbe. Au-dessus de la roche pendait un arbousier tout chargé de grappes rouges; au-dessous s'élançait un magnifique aconit aux fleurs violettes tachetées de blanc. =Myrtille avait soif, mais elle se sentait si paresseuse, si contente d'entendre l'eau bruire et la grive chanter, qu'elle n'eut pas le courage de déranger cette harmonie et laissa retomber sa jolie tête brune, souriant et regardant le jour à travers ses paupières: « Voilà comme je serai toujours, se disait-elle. Que voulez-vous ? je suis paresseuse. C'est le bon Dieu qui l'a voulu! » En rêvant ainsi, elle se représentait la ferme avec son grand coq, les poules, et puis les neufs cachés au fond de la grange, sous quelques brins de paille. Jeux sportifs en =Grèce. L'ancienne =Grèce donnait une place importante aux jeux du stade, qui se déroulaient à chaque grande fête. La =Grèce fut la mère des jeux =Olympiques. Nous assisterons, aujourd'hui, à une lutte. Le fils du noble =Anchise va s'asseoir sur une estrade, au centre du cirques où doit se disputer la course à pied. Deux javelots de fer poli et une hache à deux tranchants seront remis au vainqueur, que couronnera un pacifique rameau d'olivier. Un cheval, richement harnaché, sera joint à ces présents. Le cirque retentit bientôt de clameurs : =Salius, un des =Troyens les plus aimés de tous, est arrivé au premier rang. La foule l'acclame. « A présent, dit Énée en posant la verte couronne sur le front victorieux, que celui qui ose lutter contre =Darès, le champion souvent vainqueur de =Pâris, se présente. Je propose, pour ce combat à mains bandées, un double prix : un jeune taureau aux cornes dorées pour le triomphateur, une épée et un casque à titre de consolation pour le vaincu. » Nul, parmi les compagnons d'Énée, ne se soucie de se mesurer avec le gigantesque =Darès, qu'on a vu renverser le colosse =Butés, le plus fort des =Grecs. Cet exploit, accompli devant =Troie, auréoles encore =Darès aux yeux de ses compagnons, à tant d'années de distance. Nul ne bouge donc et =Darès sourit orgueilleusement. Il saisit le taureau par sa corne dorée et réclame sa récompense, puisque personne n'ose lutter avec lui. UN SAUVETAGE bord du trou sombre, haletants d'émotion, les sauveteurs sondent' le vide du regard. =PaulMouny se penche sur =Zian, d'un geste prompt glisse sa main sous la veste gelée et dure, touche la chair froide, cherche le coeur et perçoit enfin, très faibles, très lentes, quelques pulsations. Il se redresse, hurle : « Il vit, il vit, vite! envoyez une corde d'attache. » Puis, en un clin d'oeil, il ficelle soigneusement =Zian, prenant soin de ne pas l'étouffer, passe une corde sous ses jambes, une autre sous ses bras. « Allez-y, vous autres! » Les trois hommes restés en haut et =Nanette hissent le rescapée, tandis qu'en bas Paul veille à ce qu'il ne heurte pas trop durement les parois. Dans un dernier effort, =Zian est ramené sur le glacier. Il est presque rigides. Rapidement, on le couche sur le brancard, et tous s'écartent pour laisser agir le médecin. Sous la peau violette de froid celui-ci fait une injection d'huile camphrée. Puis il attend, silencieux, hochant la tête d'un air de doute. Tous autour de lui retiennent leur respiration. V. Quelques minutes se passent, puis les paupières de =Zian battent, et ses yeux, ses pauvres yeux brillants s'ouvrent. Il regarde avec étonnement le cercle des figures amies et ne les reconnaît pas. Eux lui parlent doucement, comme on fait avec un grand malade. Enfin, son visage se détend, le rictus qui crispait ses lèvres s'adoucit, on dirait même qu'il ébauche un sourire, et les autres, les yeux embués, sourient aussi. Une immense joie envahit alors le coeur des sauveteurs. COMMUNICATION TÉLÉPHONIQUE Il s'accouda à la planche du guichet pendant que la jeune fille demandait la communication. « Vous avez une demi-heure d'attente. » Marcel regarda avec application l'affiche blanche de la =Caisse d'épargne, puis, à côté, celle des Chèques postaux. Il lut le détail des dernières émissions de timbres, puis s'initia avec une attention déjà lassée à l'usage de la poste restante. Enfin, après avoir jeté un coup d'oeil ennuyé par la petite fenêtre, où s'estompaient dans la nuit les branches noires entrelacées du marronnier et le coin de la façade de l'épicerie, où un rayon de lumière blafarde venait d'apparaître aux jointures des volets fermés, il revint au guichet et s'y accouda. La jeune postière se leva et alla tourner le bouton de la lumière. Le bureau s'éclaira soudain. « Merci, dit le jeune homme, je vois bien mieux. - Je vous en prie, monsieur. - Le pays est-il agréable? demanda =Marcel. - Vous n'y êtes jamais venu? - Non, c'est la première fois. Je vais rendre visite à ma nourrice. Il y a des années que je ne l'ai vue. - Est-il indiscret de vous demander qui est votre nourrice? - Pas le moins du monde. D'ailleurs, il faut que vous m'indiquiez sa maison. Ma nourrice est Mme =Tremblay. - Elle habite en face, à deux cents mètres. » Tout à coup la sonnerie du téléphone les fit sursauter « Ah! voilà =Paris qui m'appelle », dit =Marcel, et il disparut dans la cabine. IV. La jeune fille entendit assez bien la conversation. « Oui, par le train. Ma voiture est en réparation, au garage. Non, pas très bien. Oh! c'est un pays très ordinaire, plutôt ennuyeux. Au revoir, à mercredi. On entendit le déclic de l'appareil raccroché, puis le jeune homme sortit de la cabine, tira son porte-monnaie, paya la communication. « Au revoir, mademoiselle. » Le jeune homme ouvrit la porte et disparut dans la nuit. La jeune fille retourna à ses registres et compta sa caisse, elle suivait en pensée le voyageur qui longeait le chemin, sonnait, se voyait accueillir par une grosse femme bouleversée JE LIS apaisée! Dans le ciel courent de gros nuages blancs et la plaine s'étend à l'infini, ourlée de rose mauve à l'horizon. Des sapins rabougris étirent leurs branches. Une lourde fatigue accable mes paupières; je secoue ma torpeur; si je m'arrête je dormirai, et, si le sommeil me gagne, c'est la mort. « En avant, mes enfants. Les bêtes, excitées de la voix et du fouet, donnent un suprême effort. =IV Tout à coup, =Tempête, le chef, lance un aboiement. Pourquoi cette joie? Mes yeux cherchent. Je ne vois rien! Lui a vu, ses camarades ont compris; le traîneau glisse sur les patins de cuivre. Je laisse faire. Les guides molles. Appuyant sur la droite, les chiens tirent, leurs mâchoires claquent, l'aboiement du chef a fait place à un grognement continu qui a l'air d'un gros rire. Et soudain, je vois aussi. Là-bas, une mince traînée grise. C'est la piste! Nous sommes sauvés. Nous courons depuis trois milles' sur la piste de la poste, les chiens paraissent avoir oublié la fatigue... Mais la nuit va venir et, l'excitation' tombée, que deviendrons-nous? [Mais, soudain, voici qu'au loin apparaît une cabane. Le traîneau, bientôt, la rejoint]. Sans frapper, je pousse la porte. J'entre, la demeure est vide. Je bats le briquet. Je fouille les coffres, je trouve des vivres pour mes chiens, qui les reçoivent avec une évidente satisfaction. Quant à moi, je m'endors lourdement, l a tête enfouie dans les poils de renard gris. Deux jours après, l'auteur arrive chez son ami, sans autre incident. Le Petit Prince vit sur une planète dont il est le seul habitant. Il découvre, au cours d'une promenade, une fleur qu'il ne connaît pas. Il y avait toujours eu, sur la planète du Petit Prince, des fleurs très simples, ornées d'un seul rang de pétales, et qui ne tenaient point de place, et qui ne dérangeaient personne. Elles apparaissaient un matin dans l'herbe, et puis elles s'éteignaient le soir. Mais celle-là avait germé un jour d'une graine apportée d'on ne sait où, et le Prince avait surveillé de très près cette brindille qui ne ressemblait pas aux autres brindilles. Mais l'arbuste cessa vite de croître, et commença de préparer une fleur. Le Petit Prince, qui assistait à l'installation d'un bouton énorme, sentait bien qu'il en sortirait une apparition miraculeuse, mais la fleur n'en finissait' pas de se préparer à être belle, à l'abri de sa chambre verte. Elle choisissait avec soin ses couleurs. Elle s'habillait lentement, elle ajustait un à un ses pétales. Elle ne voulait pas sortir toute fripée comme les coquelicots. Elle ne voulait apparaître que dans le plein rayonnement de sa beauté. Eh! oui. Elle était très coquette! Sa toilette mystérieuse avait donc duré des jours et des jours. Et puis voici qu'un matin, justement à l'heure du lever du soleil, elle s'était montrée. Et elle, qui avait travaillé avec tant de précision, dit en bâillant «Ah! je me réveille à peine. Je vous demande pardon. Je suis encore toute décoiffée. Le Petit Prince, alors, ne put contenir son admiration Voyage en pirogue. =FrançoisDuval est un jeune garçon français qui vit avec ses parents à =Tahiti, île de l'océan =Pacifique. Il sort souvent en compagnie d'une fillette tahitienne, qui porte le nom de =Tiaré. Les deux enfants sont très amis. « Viens vite, =François. J'ai une surprise pour toi. » Le visage de =Tiaré rayonnait de plaisir. « Météore m'a prêté sa pirogue; si tu veux nous irons jusqu'à la presqu'île, de l'autre côté du lagon'; je te montrerai l'ancien camp américain. » La journée était radieuse'. Peu de temps auparavant, il avait plu; mais une de ces pluies chaudes qui crépitent gaiement et font s'épanouir les plantes. Maintenant, le soleil brillait dans un ciel lavé. François, ravi, courut derrière =Tiaré jusqu'à une plage de sable blanc. « Météore est mon voisin, expliqua =Tiaré. Vois la jolie pirogue. » C'était une magnifique pirogue à balancier, très étroite et très longue. Sa voile blanche claquait au vent. « En avant! s'écria =François. Je serai le capitaine. - Vas-y, capitaine, je te suis. » Ils embarquèrent, et les ennuis de =François commencèrent dès que la pirogue eut pris le large. Elle se mit à rouler, tanguer, virer sur place, sans que =François pût la contrôler. « Le vent souffle du mauvais côté », décréta-t-il. Il essaya de diminuer la voile, mais elle se rabattait sur lui, le projetant au fond du bateau.