&&000 FRANCE – 6TH GRADE – 1940S FR-6TH-40S.TXT Could find only this one text in the Lyon archive RE-EDITED on 23 May 2005 -- looking for why LEX-c = 12.6 —uniquely high UTH-8 format Single Publisher: BELIN &&111 =Chacune a son accent, sa saveur de terroir. Leur choeur saris cesse renouvelé cause la surprise perpétuelle d'un voyage à travers la =France. La =Provence a construit des églises sévères, sombres, et comme empreintes de la majesté romaine. Leur nef unique repose sur des murailles massives ; leurs baies étroites se ferment à l'excès du soleil et manquent tout à fait du côté du mistral. Mais, au dehors, la grâce attique reprend ses La façade provençale se souvient qu'elle est fille. La façade provençale se fait caressante, invitante ; elle se souvient qu'elle est fille de la =Grèce. Un fronton de forme classique profile ses moulures délicates, soulignées d'oves souriantes, sur la limpidité du ciel ; une longue frise triomphale développe aux portails de =Saint-Gilles et de =SaintTrophime sa procession de saints personnages, drapés en toges sénatoriales, sous les portiques d'une colonnade qui rappelle les arcs =d'Orange et de =Nîmes. La =Bourgogne est plus audacieuse. C'est la terre des grands crus. Elle décore avec autant de faste que la =Provence est sobre ; le long des piles, pour soutenir ses chapiteaux corinthiens, elle jette ses beaux pilastres cannelés. EN =BOURGOGNE : TERRE DES GRANDS CRUS ce miraculeux portail de =Saint-LazaTred'Avallon où ondoient la luxuriance des vignes et l'ivresse des colonnes torses. Elle cisèle les rinceaux éblouissants de =Charlieu et incruste sur le nu d'une muraille, à =Saint-Lazared'Avallon, ce miraculeux portail où ondoient comme des guirlandes, des cordons de rosaces, la luxuriance de ses vignes et l'ivresse de ses colonnes torses. devenait vert comme un rayon =d'Aldébaran. L'eau, toute pleine de cette lumière mouillée, paraissait de l'émeraude en fusion. Une nuance d'aigue-marine d'une délicatesse inouïe teignait mollement toute la caverne. La voûte, avait un tendre reflet de chrysoprase ? Les moires du flot, réverbérées au plafond, s'y décomposaient et s'y recomposaient sans fin, élargissant et rétrécissant leurs mailles d'or avec un mouvement de danse mystérieuse. L'esprit pouvait se demander quelle proie ou quelle attente faisait si joyeux ce magnifique filet de feu vivant. Le dernier feu. =Allume, dans l'âtre, le dernier feu de l'année ! Le soleil et la flamme illumineront ensemble ton visage. Sous ton geste, un ardent bouquet jaillit, enrubanné de fumée, mais je ne reconnais plus notre feu de l'hiver, notre feu arrogant et bavard, nourri de fagots secs et de souches riches Le soleil a marché sur le sable. Un souffle de glace, qui sent la grêle, monte de l'Est violacé. Les fleurs du pêcher volent horizontales. Comme j'ai froid ! La chatte siamoise, tout à l'heure morte d'aise sur le mur tiède, ouvre soudain ses yeux de saphir dans son masque de velours sombre. Longue, le ventre à ras de terre, elle rampe vers la maison, en pliant sur sa nuque ses frileuses oreilles. =Viens ! j'ai peur de ce nuage violet, liseré de cuivre, qui menace le soleil couchant. Le feu que tu as allumé tout à l'heure danse. dans la chambre, comme une joyeuse bête prisonnière qui guette notre retour dernier feu de l'année ! Le dernier, le plus beau =Ta pivoine rose, échevelée, emplit l'âtre d'une gerbe incessamment refleurie. Inclinons-nous vers lui, tendons-lui nos mains que sa lueur traverse et ensanglante. II n'y a pas, dans notre jardin, une fleur plus belle que lui, un arbre plus compliqué, une herbe plus mobile, une liane aussi traîtresse, aussi impérieuse ! =Restons ici, choyons ce dieu changeant qui fait danser un sourire en tes yeux mélancoliques. Le dernier feu de l'année nous invite au silence, à la paresse. J'écoute palpiter le vent, cependant qu'à la vitre noire toque incessamment une branche de pêcher rose, à demi effeuillée, épouvantée et défaite comme un oiseau sous l'orage. Nous rentrions toujours de bonne heure de nos promenades pour pouvoir faire une visite à ma tante =Léonie avant le dîner. Au commencement de la saison où le jour finit tôt, quand nous arrivions rue du =Saint-Esprit, il y avait encore un reflet du couchant sur les vitres de la maison et un bandeau de pourpre au fond des bois du =Calvaire qui se reflétait plus loin dans l'étang. Dans l'été, au contraire, quand nous rentrions, le soleil ne se couchait pas encore ; et, pendant la visite que nous faisions chez ma tante =Léonie, sa lumière qui s'abaissait et touchait la fenêtre était arrêtée entre les grands rideaux et les embrasses, divisée, ramifiée, filtrée, et, incrustant de petits morceaux d'or le bois de citronnier de la commode, illuminait obliquement la chambre avec la délicatesse qu'elle prend dans les sous-bois. Le reflet des heures. Paysages brumeux (dans la mer =d'Islande). Il ne faisait même pas absolument nuit. C'était éclairé faiblement, par un reste de lumière, qui ne venait de nulle part, cela bruissait comme par habitude, rendant une plainte sans but. C'était gris, d'un gris trouble qui fuyait sous le regard. La mer, pendant son repos mystérieux et son sommeil, se dissimulait sous les teintes discrètes qui n'ont pas de nom. C'était un éclairage très pâle, mais qui augmentait, il semblait que cela vînt par petits jets, par secousses légères ; les choses éternelles avaient l'air de s'illuminer par transparence, comme si des lampes à flamme blanche eussent été montées peu à peu, derrière les informes nuées grises ; montées discrètement, avec des précautions mystérieuses, de peur de troubler le morne repos de la mer. Sous l'horizon, la grande lampe blanche, c'était le soleil, qui se traînait sans force, avant de faire au-dessus des eaux sa promenade lente et froide commencée dès l'extrême matin. Ce jour-là, on ne voyait nulle part de tons roses d'aurore, tout restait blême et triste. L'horizon était à présent tout près, et il semblait même qu'on manquât d'espace. Le vide se remplissait de voiles ténus qui flottaient, les uns plus vagues que des buées, d'autres aux contours presque visibles et comme frangés. Ils tombaient mollement, dans un grand silence, comme des mousselines blanches n'ayant pas de poids ; mais il en descendait de partout en même temps, aussi l'emprisonnement là-dessous se faisait très vite, et cela oppressait, de voir ainsi s'encombrer l'air respirable. C'était la première brume d'août qui se levait. En quelques minutes le suaire fut uniformément dense, impénétrable ; autour de la =Marie, on ne distinguait plus rien qu'une pâleur humide où se diffusait la lumière et où la mâture du navire semblait même se perdre. Ceux qui se regardaient d'un bout à l'autre du bateau se voyaient troubles comme des fantômes ; par contre, les objets très rapprochés apparaissaient plus crûment sous cette lumière fade et blanchâtre. Deux personnifications du crépuscule. Le crépuscule étend sur les longs sillons gris, Ses ailes de fantôme et de chauve-souris. La voûte du ciel vue d'un navire. La nuit était venue, elle était belle ; l'atmosphère était une voûte d'azur transparent semée d'étoiles d'or ; ce spectacle touche toujours les hommes et leur inspire une douce rêverie : le bon =Parouba admirait le ciel comme un =Allemand admire =Saint-PierredeRome où l'Opéra de =Naples quand il le voit pour la première fois. Cette voûte est bien hardie disait =ParoubaàFrind ; et =Frind lui disait : Mon cher =Parouba, il n'y a point de voûte, ce cintre bleu n'est autre chose qu'une étendue de nuages légers, que =Dieu a tellement disposés et combinés avec la mécanique de vos yeux qu'en quelque endroit que vous soyez, vous êtes toujours au centre de votre promenade, et vous voyez ce qu'on nomme le ciel, et qui n'est point le ciel, arrondi sur votre tête. Et ces étoiles, =Frind? Ce sont, comme je vous l'ai déjà dit, autant de soleils autour desquels tournent d'autres mondes ; loin d'être attachées à cette voûte bleue, souvenez-vous qu'elles en sont à des distances différentes et prodigieuses : cette étoile, que vous voyez, est à douze cent millions de mille pas de notre soleil. » Alors il lui montra le télescope qu'il avait apporté : il lui fit voir nos planètes, =Jupiter avec ses quatre lunes, =Saturne avec ses cinq lunes et son inconcevable anneau lumineux. « C'est la même lumière, lui disait-il, qui part de tous ces globes et qui arrive à nos yeux. De cette planète-ci en un quart d'heure, de cette étoile-ci en six mois. » =Parouba se mit à genoux et dit : « Les cieux annoncent =Dieu. » Tout l'équipage était autour du vénérable =Frind, regardait et admirait. L'infini dans les cieux. Un monde est assoupi sous la voûte des cieux, Mais, dans la voûte même où s'élèvent mes yeux, Que de mondes nouveaux, que de soleils sans nombre, =Trahis par leur splendeur, étincellent dans l'ombre ? Les signes épuisés s'usent à les compter, Et l'âme infatigable est lasse d'y monter ! Là, l'antique =Orion, des nuits perçant les voiles, Dont =Job a le premier nommé les sept étoiles, Le navire fendant l'éther silencieux, Le bouvier dont le char se traîne dans les cieux, La lyre aux cordes d'or, le cygne aux blanches ailes, Le coursier qui du ciel tire des étincelles, La balance inclinant son bassin incertain, Les blonds cheveux livrés au souffle du matin, Le bélier, le taureau, l'aigle, le sagittaire. Tout ce que les pasteurs contemplaient sur la terre, Tout ce que les héros voulaient éterniser, Tout ce que les amants ont pu diviniser, Transporté dans le ciel par de touchants emblêmes, N'a pu donner des noms à ces brillants systèmes. Et l'homme, cependant, cet insecte invisible, Rampant dans les sillons d'un globe imperceptible, Mesure de ces feux les grandeurs et les poids, Leur assigne leur place, et leur route, et leurs lois, Palmiers et dunes. Vingt mille têtes de palmiers se balançaient à mes pieds, vingt mille aigrettes ou plutôt vingt mille faisceaux de sabres, de cimeterres recourbés, qui jetaient sous le soleil tous les éclats bleutés de l'acier. Au delà, à perte de vue, le soyeux. LES PALMIERS Aigrettes, faisceaux de sabres, cimeterres recourbés. tapis des sables, les dunes veloutées avec leurs flancs pleins d'ombre, qui fuyaient en bonds flexibles, s'emmêlaient et se dénouaient dans un caprice de figures inou.ies, passant de l'or au fauve, gagnant les teintes violettes pour finir à l'horizon dans un trait du bleu le plus pur. Léger comme l'oiseau, l'esprit qui se posait un moment sur les verdures s'envolait vers ces espaces vides, entraîné, emporté par le mouvement de ces lignes, de ces arabesques sans fin ; et, bientôt impuissant à suivre ce caprice inextricable, il finissait par se confondre et s'anéantir dans la lumière. Le style =Louis =XV Comparez, à =Versailles, la chambre de =Louis =XIV avec celle de =MarieLeckzinska : tout ce qui était là luxe pesant et fastidieux, tout le fortissimo, le massif, s'apaise et s'adoucit ; à la décoration sans repos, aux grands vases dorés, aux girandoles et aux trophées sculptés à pleins bois dans les portes, aux caissons et aux stucs qui déguisent, en s'y accrochant, l'épaisseur des solives, l'artiste substitue des silences ; il ne laisse autour du panneau qu'un cadre, une guipure, parfois une rosace au milieu, mais le plus souvent un vide, et il tire ses effets de ces intervalles paisibles. Au lieu de surmener l'attention, il la distrait, l'amuse, et la conduit d'un fil léger. Ce fil, il l'assouplit bientôt, lui prête des inflexions, des sinuosités plaisantes ; il le noue, le dénoue, le ploie et le reploie en =s, en arcs, en panses, en accolades, en volutes pirouettantes et capricieuses, qui ont l'air de se poursuivre et de se fuir, comme les anneaux d'une fumée. On dirait que les formes, délivrées d'une tutelle tyrannique, se mettent à danser une ronde, une farandole qui ne va plus finir. Une fois émancipées du règne de la ligne droite, c'est à qui, des deux bords d'un cadre, s'éloignera davantage de l'autre, fera la nique à la symétrie : de là cette habitude des contours chantournés, des parages, des lignes cambrées, brisées, affrontées, balancées, formées d'une succession de cédilles et de virgules, comme un flot chatoyant de vaguelettes crespelées, où se déferaient des rubans, des bouquets et des fleurs. L'île =d'Ischia. L'île =d'Ischia, qui sépare le golfe de =Gaëte du golfe de =Naples, n'est qu'une montagne à pic dont la cime blanche et foudroyée plonge ses dents ébréchées dans le ciel. Ses flancs abrupts, creusés de vallons, de ravins, de lits de torrents, sont revêtus du haut en bas de châtaigniers d'un vert sombre. Ses plateaux les plus rapprochés de la mer et inclinés sur les flots portent des chaumières, des villas rustiques, et des villages à moitié cachés sous les treilles de vigne. Chacun de ces villages a sa « marine ». On appelle ainsi le petit port où flottent les barques des pêcheurs de l'île et où se balancent quelques mâts de navires à voile latine. Les vergues touchent aux arbres et aux vignes de la côte. Il n'y a pas une de ces maisons suspendue aux pentes de la montagne, cachée au fond de ses ravins, pyramidant sur un de ses plateaux, projetée sur un de ses caps, adossée à son bois de châtaigniers, ombragée par son groupe de pins, entourée de ses arcades blanches et festonnée de ses treilles pendantes, qui ne fût en songe la demeure idéale d'un poète. Un vieux salon province. Un vestibule étroit séparait la cuisine de la =MmcAubain se tenait tout le long du jour, assise la croisée, dans un fauteuil de paille. Contre le lambris, peint en blanc, s'alignaient huit chaises d'acajou. Un vieux piano supportait, sous un baromètre, un tas pyramidal de boîtes et de cartons. Deux bergères de tapisserie flanquaient la cheminée en marbre jaune et de style =Louis =XV. La pendule, au milieu, représentait un temple de =Vesta ; et tout l'appartement sentait un peu le moisi, car le plancher était plus bas que le jardin. STATUES =Néférou-Ra. =Khons, tranquille et parfait, le Roi des =Dieux thébains, Est assis gravement dans sa barque dorée Le col roide, l'oeil fixe et l'épaule carrée, Sur ses genoux aigus il allonge les mains. La double bandelette enclôt ses tempes lisses Et pend avec lourdeur sur le sein et le dos. Tel le =Dieu se recueille et songe en son repos, Le regard immuable et noyé de délices. Une course de motos. Un autre sport, fort récent aussi, fait fureur à =Londres ce sont les courses de motocyclettes sur piste cendrée venues =d'Australie. Dans des stades carrés, aux virages non relevés, plus semblables à ceux des courses de lévriers qu'aux pistes de vélodrome, dix à vingt mille personnes viennent à chaque séance suivre le jeu dangereux des motocyclistes. Un mur d'enceinte blanc, doublé d'un grillage assoupli par des ressorts, constitue tout le matériel de ces corridas nordiques. Sur la pelouse, des hommes en flanelle rouge surveillent les préparatifs, tracent sur l'épaisse poussière de charbon des raies à la chaux. Un coup de cloche. Théâtralement, comme des gladiateurs, les concurrents entourés de mécaniciens, qui poussent leurs motocyclettes, petites bêtes dangereuses et nickelées, font à pied le tour de la piste au milieu des ovations de la foule. Ils sont beaux à voir avec leur casque de cuir à bourrelet d'acier, lourds de leurs jambières, de leur matelassage noir, de leur corset de couleurs vives qui porte un numéro peint sur le dos, pareils à des scaphandriers prêts à plonger dans les profondeurs de la vitesse. A cheval sur un tout petit réservoir, qui contient juste assez d'essence pour quatre tours, Ise pieds à terre, ces monstres terrifiants reçoivent l'hommage d'un petit chaperon rouge, d'une fillette qui vient leur offrir un bouquet de roses de =Lancastre, pâles comme de la porcelaine. Alignés, ils commencent maintenant leur tour de piste, à très faible allure, abaissent leurs lunettes, s'enferment la figure dans un linge qui les fait ressembler à des =Touaregs, puis accélèrent. Soudain, au dernier virage, deux coups de cloche. Les voici qui démarrent tous ensemble. Le moment est surprenant; c'est un bruit infernal; sous leurs semelles, des flammes sortent du double tuyau d'échappement, les. avant se soulèvent, les machines se cabrent, les moteurs vibrent à casser. Si les coureurs ont bien passé ensemble la ligne de départ, vingt mètres plus loin, un coup de fusil annonce que l'épreuve est commencée. Le haut régime des moteurs déchire l'air, tord les nerfs, sèche la salive au fond des gorges, mouille les paumes. Dès le virage, les quatre motos ont dérapé à la fois et lancé derrière elles un grand jet de charbon aveuglant pour ceux qui se trouvent en dernière position, et ne réussissent presque jamais à se rattraper. Pareils i des scaphandriers prêts à plonger dans les profondeurs de la, vitesse. Les pieds raîclent le sol, la jambe, pliée jusqu'au genou, redresse les machines presque couchéca. » Les pieds raclent le sol ; la jambe, pliée jusqu'au genou, redresse les machines presque couchées par la vitesse, qui abordent alors la ligne-droite, à peine longue d'une soixante de mètres, à la sortie de laquelle elles atteignent cent kilomètres à l'heure. C'est le moment de la plus ténébreuse, de la plus effroyable bousculade, terminée souvent par des chutes, les uns étant précipités contre les filets de fer, les autres s'accrochant du guidon, de la pédale, continuant à courir emmêlés, se libérant on ne sait comment, pour repartir aussitôt, tandis que les derniers viennent buter sur ceux. Les forts crochets qui imitent les bourses étranges de l'iris, de l'arum, les gousses du nénuphar, les crosses velues et contractées de la fougère, les formes vigoureuses des premières plantes qui se montrent dans nos avrils humides, au bord de nos étangs, dans nos bois du =Valois. Le printemps gothique commence comme nos aigres et pluvieux printemps de =l'lle-de-France. Plus tard seulement apparaît la flore des prairies, le trèfle, le plantain, le muguet, la pâquerette, la renoncule, puis l'aubépine, et la fleur fragile des vergers, le pommier délicat et la fraise sauvage ; plus tard encore, l'ombrage plus dense des forêts, la feuille élégante du hêtre et la broderie d'airain de la feuille du chêne ; enfin, dernière moisson, les feuilles tardives de la vigne, les épines métalliques du houx, les glands qui parlent de novembre et le triste chardon. Ainsi les cathédrales, comme l'année, ont leurs saisons. Cette histoire est celle même des progrès de la sculpture le ciseau, d'abord ami des formes compactes et massives, arrive par degrés aux formes souples, puis compliquées, enfin aux découpures vaines, aux enchevêtrements stériles. Mais, à le prendre dans son beau temps, rien n'égale la grâce vivante de ce décor. Nos vieilles cathédrales en sont encore toutes parfumées. =Chacune a, comme son peuple de statues, sa flore particulière : =Laon est plein de plantain et =Paris de cresson ; sur les chapiteaux de =Reims s'enroule la vigne natale. =Nulle poésie plus ingénue que cette muse du =MoyenAge qui va, les pieds dans la rosée, cueillir dans son jardin des beautés dédaignées et qui, pour en parer le sanctuaire, rapporte à pleines brassées cette fraîcheur. Et c'est, de tout le =MoyenAge, la tradition qui a peutêtre survécu le plus longtemps. Le menuisier qui levait une rose ou liait un bouquet dans la boiserie chantournée d'un panneau =Louis =XV, continuait l'ancêtre inconnu quia tapissé de fenouil et de cerisier la porte de =Notre-Dame. L'île des enfants. On peut aller rêver là, où nul ne passe. Tout à coup, on aperçoit au centre du bassin des enfants qui jouent sur un rocher, et ils sont tellement vivants que toute la grâce de la jeunesse divine incline l'âme à espérer et à sourire. Deux de ces enfants se sont jetés à l'eau et nagent en s'appelant. Les six autres sont groupés sur le roc. L'un d'eux les domine : agenouillé, il s'amuse avec des fleurs, et un second folâtre auprès de lui, ouvrant ses petits bras vers le ciel avec une délicieuse avidité d'air et de lumière. Les autres enfants sont groupés deux par deux et s'ébattent. Il n'y a pas de mots pour exprimer l'admirable technique qui a assemblé ces figures, calculé les proportions générales de leurs silhouettes, observé les distances entre elles, médité sur la façon de maintenir leurs relations harmonieuses de quelque côté qu'on les envisage. Il y a encore moins de mots pour dire la frémissante animation de ces jeunes corps, leurs modelés gras et souples, la jouvence exquise de leurs yeux et de leurs bouches, l'esprit et l'ingénuité de leurs poses. Et comment rendre la patine de ce plomb dédoré et verdi, les reflets changeants des feuillages dans l'eau lourde, le mystère de cette balustrade vétuste qui isole de l'univers ces créatures de joie dont on croit entendre les cris et les rires ? &&000